Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/387

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quelque temps auparavant, après l’avoir à moitié ébauché. Il était souvent malaisé de prévoir quelle serait, en dernière analyse, sa conduite dans une circonstance donnée.

Quoique Flora fût sincèrement attachée à son frère, dont le caractère énergique aurait commandé son admiration, quand bien même elle ne lui eût pas été unie par les liens du sang, elle ne s’aveuglait pas sur ses défauts, elle ne les croyait pas compatibles avec le bonheur d’une femme qui chercherait la félicité du mariage dans la jouissance paisible de la société domestique, et l’échange d’une tendresse mutuelle et toujours croissante. Au contraire, le goût naturel de Waverley, malgré les rêves qui l’avaient jeté momentanément dans les combats et à la poursuite de la gloire militaire, semblait l’entraîner exclusivement vers la vie domestique. Il ne prenait et ne voulait prendre aucune part dans les scènes si agitées qui se passaient à chaque instant autour de lui ; il éprouvait plus de dégoût que d’intérêt, à la vue des prétentions, des droits et des passions qui se combattaient souvent en sa présence. Tout cela ne montrait-il pas un homme fait pour rendre heureuse une personne du caractère de Rose, caractère avec lequel le sien avait tant de sympathie ?

Elle faisait quelques-unes de ces remarques sur le caractère de Waverley un jour que miss Bradwardine était assise à côté d’elle. « Il a le goût trop élégant et un génie trop élevé, répondit Rose, pour prendre de l’intérêt à de si frivoles discussions. Que lui importe, par exemple, si le chef des Macindallaghers, qui a amené avec lui seulement cinquante hommes, a droit au titre de colonel ou de capitaine ? Comment voulez-vous que M. Waverley s’occupe sérieusement de la violente querelle entre votre frère et le jeune Corrinanchian, ou de savoir si le poste d’honneur appartient au cadet d’un clan, ou à son frère plus jeune ? — Ma chère Rose, si c’était un homme aussi distingué que vous le supposez, il se mêlerait de ces matières, non comme importantes en elles-mêmes, mais afin d’être le médiateur entre les esprits violents pour qui elles sont maintenant des sujets de discorde. Vous avez été témoin que quand Corrinanchian transporté de colère éleva la voix et porta la main à son épée, Waverley leva la tête comme s’il s’éveillait d’un rêve, et demanda de quoi il s’agissait. — « Oui ; et le rire qu’excita sa distraction ne servit-il pas mieux à terminer la dispute que n’auraient fait tous ses discours ? »

« C’est vrai, ma chère amie, répondit Flora ; mais il eût été