Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/379

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gère et l’insurrection des mécontents à l’intérieur. Soyez donc le plus tôt possible au quartier-général du régiment ; je dois ajouter que votre retour est d’autant plus nécessaire que votre compagnie semble mal disposée ; mais je diffère d’aller aux renseignements, jusqu’à ce que votre zèle vienne me seconder. »

La seconde lettre, datée de huit jours plus tard, était dans le style qu’avait dû prendre le colonel en ne recevant point de réponse à la première. Il rappelait à Waverley son devoir comme officier, comme homme d’honneur, et comme Anglais ; il lui marquait le mécontentement toujours croissant de sa troupe. On avait même entendu quelques soldats dire que le capitaine encourageait et approuvait leur mutinerie ; enfin on s’étonnait, on regrettait qu’il n’eût pas encore obéi à l’ordre de rejoindre le quartier-général. On l’avait prévenu que son congé expirait ; enfin le colonel le conjurait avec les reproches d’un père et l’autorité d’un supérieur, de réparer sa faute par un prompt retour à son régiment. « Pour être sûr, disait-il en finissant, que la présente vous sera remise, je l’envoie par votre caporal Timms, avec ordre de vous la remettre en mains propres. »

En lisant ces lettres, Waverley fut navré de douleur et forcé de faire amende honorable à la mémoire de son brave et excellent colonel ; car à coup sûr, puisque Gardiner avait tout lieu de croire qu’elles lui étaient parvenues, il était naturel que ne recevant point de réponse, il lui eût écrit ce troisième et dernier avertissement qu’à la vérité Édouard avait reçu à Glennaquoich, mais trop tard pour obéir ; sa destitution, quand il avait été averti trois fois, n’était plus un procédé ni dur ni sévère, mais une justice. La lettre qu’il ouvrit ensuite était du major de son régiment. Il lui marquait qu’un bruit peu honorable pour sa réputation circulait dans le pays ; « un M. Falconer de Ballihapple, ou un nom à peu près semblable a proposé devant vous, dit-on, un toast de révolte, et vous l’avez souffert tranquillement, bien que l’outrage à la famille royale fût si grossier qu’un gentleman de la compagnie, peu connu d’ailleurs par son zèle pour le gouvernement, a cru devoir prendre son parti. Et de plus, à en croire la renommée, le capitaine Waverley a souffert qu’une personne peu intéressée à la chose s’indignât en sa place d’une injure qui lui était adressée personnellement comme officier ; qu’elle eût même une rencontre avec le provocateur. » Le major terminait en assurant qu’aucun des frères d’armes du capitaine Waverley ne pouvait croire