Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/368

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« Venez, dit-il à Édouard, venez vite : le prince va passer la nuit à Pinkie-House, et si nous ne l’y suivons, nous perdrons toute la cérémonie des caligœ. Votre ami le baron s’est rendu coupable d’une grande cruauté, il a entraîné de force son bailli Mac Wheeble sur le champ de bataille ; or, vous saurez que la bête noire du bailli est un montagnard armé, ou un fusil chargé ; il est maintenant au milieu de la plaine, écoutant les instructions de Bradwardine au sujet de la protestation, baissant la tête comme une mouette, à chaque coup de fusil ou de pistolet que nos gens s’amusent à tirer, et essuyant en forme de pénitence, à chaque symptôme de frayeur, une sévère rebuffade de son patron, qui n’admettrait point la décharge de toute une batterie de canon à cinq cents pas de distance, comme une excuse suffisante pour prêter peu d’attention à un discours où il s’agit de l’honneur de sa famille. »

« Mais comment M. Bradwardine a-t-il pu décider le bailli à s’avancer si loin ? » dit Édouard. — « Ah ! il était venu jusqu’à Musselburgh, je crois, dans l’espérance de faire nos testaments ; et la bataille finie, d’après l’ordre formel du baron, il a poussé jusqu’à Preston. Il se plaint fort d’un ou deux bandits de notre corps qui ont mis sa vie en danger en lui présentant le canon de leurs fusils ; mais, comme ils n’ont exigé qu’un sou anglais pour sa rançon, je ne crois pas qu’il soit nécessaire de troubler le prévôt militaire à ce sujet… Mais partons, Waverley. »

« Waverley ! s’écria l’officier anglais avec une grande émotion, le neveu de sir Everard Waverley, du comté de… ? »

« Oui, monsieur ! » répondit notre héros un peu surpris du ton sur lequel on lui parlait. — « Je suis à la fois heureux et mécontent de vous rencontrer… » — « J’ignore, monsieur, comment j’ai mérité tant d’attention… » — « N’avez-vous jamais entendu votre oncle parler d’un de ses amis nommé Talbot ? »

« Il a souvent fait l’éloge de cet ami, répondit Édouard : il est colonel, je crois, et marié à lady Émilie Blandeville ; mais je pense que le colonel Talbot est en pays étranger. »

« J’arrive du continent, répliqua l’officier ; et me trouvant en Écosse, j’ai cru que mon devoir était d’agir là où mes services pourraient être utiles. Oui, monsieur Waverley, je suis le colonel Talbot, mari de la dame que vous avez nommée ; et je suis fier d’avouer que je dois mon grade dans l’armée et mon bonheur domestique à votre généreux et respectable parent. Bon Dieu ! com-