Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/365

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j’avoue que, suivant les traditions de ma famille, et même dans nos vieux titres caligœ soit mis pour bottes, signifie plutôt sandales, dans son acception primitive ; et Caïus Cæsar, neveu et successeur de Caïus Tiberius, fut surnommé Caligula, a caligulis, sive caligis levioribus, quibus odolescentior usus fuerat in exercitu patris sui Germanici. Les caligœ étaient aussi portées par les ordres religieux ; car nous lisons dans un ancien glossaire sur la règle de saint Benoît, dans l’abbaye de Saint-Amand, que les caligœ étaient attachées avec des courroies. »

« Alors ce sont des brogues, » dit Fergus. — « Probablement, mon cher Glennaquoich, et les termes sont précis : Caligœ dictœ sunt, quia ligantur ; nam socci non ligantur, sed tantum intromittuntur ; c’est-à dire, les caligœ tirent ce nom des courroies qui les attachent, au lieu que les socci, chaussure presque analogue à nos mules et à ce qu’on appelle pantoufles en anglais, entrent seulement sur le pied. Les mots de la charte sont aussi alternatifs, exuere seu detrahere, c’est-à-dire ôter, s’il s’agit de brogues ou de sandales, et tirer, comme nous disons communément, s’il s’agit de bottes. Mais je voudrais encore des renseignements plus positifs, et j’ai peur de ne pas trouver d’érudit auteur de re vestiariâ. »

« J’en ai grand’peur aussi pour vous, dit le chef en jetant les yeux sur une troupe de montagnards qui revenaient chargés des dépouilles des morts ; pourtant il ne paraît guère qu’on néglige la res vestiaria. »

Cette remarque venait à point pour la bonne humeur du baron ; il l’honora d’un sourire, mais se remit sur-le-champ à ce qui lui semblait une affaire si sérieuse.

« Mon bailli Mac Wheeble pense que, par sa nature, ce service honorable est tantum si petatur, seulement si Son Altesse Royale exige que le grand tenancier de la couronne vienne personnellement s’acquitter de ce devoir ; il a aussi trouvé dans les Doutes et Questions de Dirleton un cas semblable au mien, Grippit versus Spicer : c’est la dépossession d’un domaine ob non solutum canonem, c’est-à-dire faute d’avoir payé une petite redevance de trois grains de poivre par an, estimés valoir les sept huitièmes d’un sou d’Écosse, à laquelle le défendeur était obligé. Mais, avec votre permission, j’ai cru que le plus sage parti était de me mettre en état de rendre au prince cet hommage et de remplir mes obligations. Mon bailli m’accompagnera avec une signi-