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ligne des Anglais était directement opposée à la ligne de bataille des montagnards ; elle brillait par son équipement et l’éclat des armures, et était flanquée de cavalerie et d’artillerie. Mais cette vue n’épouvanta point les assaillants.

« En avant, enfants d’Ivor ! s’écria leur chef ; les Camérons répandront-ils le premier sang ? » Ils s’élancèrent avec des cris terribles.

Le reste est bien connu. La cavalerie, à laquelle on avait donné l’ordre de charger les montagnards qui attaquaient en flanc, reçut le feu irrégulier qu’ils lui lançaient en courant, et saisie d’une terreur panique, hésita, s’arrêta, se débanda et prit la fuite. Les artilleurs, abandonnés par la cavalerie, s’enfuirent après avoir tiré leurs pièces, et les montagnards, jetant leurs fusils après le premier feu, tirèrent leurs claymores et se précipitèrent avec une fureur terrible sur l’infanterie.

Dans ce moment de confusion et de frayeur, Waverley remarqua un officier anglais qui semblait de haut rang, seul et appuyé contre une pièce de canon : après la fuite des soldats qui la servaient, il l’avait lui-même rechargée et tirée contre le clan de Mac-Ivor, dont il était le plus près. Frappé de sa noble et martiale figure, désireux aussi de l’arrachera une mort certaine, Waverley dépassa pour un instant les guerriers même les plus agiles, arriva le premier, et lui cria de se rendre ; l’officier répondit par un coup d’épée que Waverley reçut dans sa targe ; mais l’arme de l’Anglais, frappant à faux, se brisa. Au même instant la hache d’armes de Dugald Mahony était levée sur la tête de l’officier ; Waverley arrêta et prévint le coup, et l’Anglais, voyant que toute résistance était vaine, frappé de la généreuse inquiétude d’Édouard pour sa sûreté, lui remit le tronçon de son épée et fut confié par Waverley à Dugald, avec l’ordre exprès de le bien traiter et de ne point le dévaliser, lui promettant toutefois un ample dédommagement.

À la droite d’Édouard la mêlée fut quelques instants furieuse et terrible. L’infanterie anglaise, exercée dans les guerres de Flandre, demeurait courageusement à son poste. Mais ses lignes étendues étaient rompues et brisées en plus d’un endroit par les masses serrées des clans ; et dans le combat à outrance qui s’ensuivit, les armes, la vigueur et l’activité extraordinaire des montagnards leur donnèrent une grande supériorité sur des soldats habitués à mettre leur confiance dans leur tactique et leur disci-