Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/344

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’Appine ; les Macbeths, alliés au malheureux monarque de ce nom, étaient sujets des Morays et du clan d’Athole, roi des Robertsons d’Athole. Les citations ne manqueraient pas, mais je ne veux pas blesser l’orgueil de quelque clan qui peut exister encore, et par conséquent soulever une tempête montagnarde dans la boutique de mon libraire. Or ces ilotes, quoique forcés de se mettre en campagne par l’autorité arbitraire de leurs chefs, pour qui ils faisaient du bois et tiraient de l’eau, étaient généralement mal nourris, mal vêtus, plus mal armés. Cette dernière circonstance avait, il est vrai, pour cause principale, le désarmement général, ordonné et mis en apparence à exécution parmi les montagnards ; mais la plupart des chefs étaient parvenus à éluder l’ordre en conservant les armes de leurs clans particuliers, et en ne livrant que celles de moindre valeur, qu’ils avaient enlevées à ces satellites subalternes. Il n’est donc pas surprenant que la plupart de ces pauvres gens, comme nous l’avons déjà remarqué, vinssent au combat dans un équipement si misérable.

Il résultait de là que dans tous les régiments les premières lignes avaient une excellente tenue, et les autres se composaient de véritables bandits. L’un avait une hache d’armes, l’autre une épée sans fourreau ; celui-ci un fusil sans chien, celui-là une faux au bout d’une perche. Quelques-uns avaient seulement des poignards ou bien des bâtons et des gourdins coupés aux haies. L’aspect sauvage, grossier et féroce de ces hommes, qui la plupart regardaient avec toute l’admiration de l’ignorance les productions les plus ordinaires de l’art, surprenait les gens de la plaine, mais aussi répandait la terreur. À cette époque, la vie des montagnards était si peu connue, que les manières et l’apparition de leurs tribus, quand ils se précipitaient sur le pays plat en aventuriers militaires, excitaient autant de surprise parmi les habitants du sud, que si un torrent de Nègres ou d’Esquimaux fut descendu des montagnes septentrionales de leur patrie. Il n’est donc pas extraordinaire que Waverley, qui jusque-là avait jugé les montagnards en masse d’après les échantillons que l’adroit Fergus lui en avait montrés de temps à autre, se sentît abattu et découragé en voyant que c’était une troupe comptant à peine quatre mille hommes, dont la moitié au moins n’était pas armée, qui osait entreprendre une révolution et un changement de dynastie dans les royaumes de la Grande-Bretagne.

Pendant qu’il s’avançait le long de la colonne encore en repos,