Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


« Elle ne voulut pas d’un laird de basse terre,
Ne voulut pas d’un époux d’Angleterre ;
Mais avec Duncan Græme elle prit sans façon
Le doux chemin de Cupidon ;
Et Græme dans son plaid emporta la bergère. »


En discourant ainsi ils arrivèrent au palais d’Holy-Rood, et furent annoncés chacun par leur nom à leur entrée dans les salles.

On sait parfaitement combien de gentilshommes distingués par le rang, l’éducation et la fortune, prirent part à la fatale et funeste entreprise de 1745. Les dames d’Écosse épousèrent aussi presque toutes la cause d’un jeune prince brave et bien fait, qui se jetait entre les bras de ses compatriotes plutôt en héros de roman qu’en politique habile. Il ne faut donc pas s’étonner qu’Édouard, qui avait passé la plus grande partie de sa vie dans la grave solitude de Waverley-Honour, fût ébloui du luxe et de l’élégance alors déployés dans les salles depuis si long-temps désertes du château écossais. L’ameublement n’était pas, il est vrai, fort splendide, mais il était aussi élégant du moins que le permettaient la confusion et le trouble des circonstances : l’effet général était imposant, et l’assemblée, si l’on considère le haut rang des personnes réunies, pouvait s’appeler brillante.

Il ne fallut pas long-temps à notre amoureux pour découvrir l’objet de son affection. Flora Mac-Ivor retournait à sa place, presque à l’extrémité de l’appartement, avec Rose Bradwardine à son côté. Parmi tant de parures et de beautés, elles avaient attiré à elles seules l’attention générale, se trouvant à coup sûr au premier rang des plus jolies femmes présentes. Le prince les remarqua beaucoup toutes deux, Flora surtout, qu’il choisit pour danseuse ; préférence qu’elle dut sans doute à ce qu’elle avait été élevée en pays étranger, et parlait facilement le français et l’italien.

Lorsque la confusion ordinaire à la fin d’une contredanse se fut apaisée, Édouard, comme par instinct, suivit Fergus jusqu’à l’endroit où sa sœur était assise. L’espérance dont il avait nourri son amour en l’absence de l’objet chéri, parut s’évanouir en sa présence ; et, semblable à un homme qui cherche à retrouver les détails d’un rêve oublié, il eût donné le monde en ce moment pour se rappeler les motifs qui avaient servi de fondement à un espoir devenu tout à coup une illusion. Il suivait Fergus les yeux baissés, les oreilles tintantes, et avec les sensa-