Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/323

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sonnier de Donald Bean Lean. Vous saurez qu’au moment où je partis avec mon clan pour rejoindre le prince, je priai cet honnête membre de la société de me rendre un léger service : mes instructions remplies, il devait m’amener toutes les troupes qu’il aurait pu réunir ; mais au lieu de cela, le digne homme, trouvant le pays dégarni, a pensé qu’il valait mieux faire la guerre pour son compte, et il s’est mis à battre la campagne, pillant, je crois, amis et ennemis, sous prétexte de lever le black-mail, tantôt par mes ordres et tantôt…, au diable son impudence consommée ! en son nom, en son grand nom. Sur mon honneur, si dans ma vie je revois le rocher de Benmore, j’aurais la bonne envie de pendre ce drôle-là ! Je reconnais son faire, surtout dans la manière dont il vous a tiré des griffes de ce vieil hypocrite de Gilfillan ; et je suis sûr que Donald lui-même a joué le rôle du colporteur en cette occasion ; mais qu’il ne vous ait pas dévalisé, qu’il ne vous ait pas mis à rançon ; enfin qu’il n’ait pas, d’une façon ou d’une autre, profité de votre captivité, voilà qui me passe. »

« Comment et quand avez-vous appris ma réclusion ? » demanda Waverley.

« Le prince lui-même m’en instruisit et voulut connaître les plus petits détails de votre histoire. Il me dit alors que vous étiez entre les mains d’un de nos partisans du nord ; vous sentez que je ne pouvais demander des explications. Il me consulta sur ce qu’il fallait faire de vous : — L’amener ici prisonnier, — répondis-je, désirant ne pas vous compromettre auprès du gouvernement anglais, dans le cas où vous persisteriez dans votre projet de retourner vers le midi. J’ignorais, vous savez, qu’on vous accusât comme complice et fauteur d’un crime de haute trahison, et ce fait contribua sans doute à vous faire changer vos premiers plans. On envoya cet imbécile, cette grosse bête de Balmawhapple pour vous escorter depuis Doune avec ce qu’il appelle son escadron de cavalerie ; quant à sa conduite envers vous, outre son antipathie naturelle pour tout ce qui sent l’honnête homme, je présume que son aventure avec Bradwardine lui trotte encore dans la tête. Je suis donc porté à croire que sa manière de conter cette histoire a contribué aux mauvais bruits qui sont parvenus à votre régiment. »

« C’est bien possible, dit Waverley ; mais maintenant, à coup sûr, mon cher Fergus, vous avez le temps de me parler un peu de Flora. » — « Ah ! répondit Fergus, je puis seulement vous