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de Stirling, n’avait probablement pas envie d’essayer si l’artillerie du château lui ferait meilleur accueil. Il quitta donc la grand’route, et se détournant de beaucoup vers le sud, pour ne plus être à la portée du canon, il s’approcha de l’ancien palais d’Holy-Rood sans entrer dans la ville. Il rangea ses hommes en bataille devant ce vénérable édifice, et confia Waverley à la garde d’un corps de montagnards dont l’officier l’introduisit dans l’intérieur du bâtiment.

Une galerie longue, basse et irrégulière, décorée de peintures représentant, dit-on, les rois d’Écosse qui, s’ils ont jamais vécu, ont dû vivre au moins deux ou trois centaines d’années avant l’invention de la peinture à l’huile, servait de salle des gardes ou de vestibule aux appartements que l’aventureux Charles-Édouard occupait alors dans le palais de ses ancêtres. Des officiers en costume de montagnards et d’habitants des basses terres, passaient et repassaient sans cesse, ou se tenaient dans cette pièce, comme s’ils attendaient des ordres. Des secrétaires expédiaient des feuilles de route, examinaient des rôles, donnaient des ordres. Tous semblaient affairés, comme à l’approche de quelque grand événement. Waverley, que personne n’avait remarqué, s’assit dans l’embrasure d’une fenêtre, réfléchissant avec inquiétude sur la crise de sa destinée, qui semblait approcher plus que jamais.


CHAPITRE XL.

UNE VIEILLE ET UNE NOUVELLE CONNAISSANCE.


Pendant qu’il était plongé dans ses rêveries, Waverley entendit derrière lui le bruissement d’un tartan écossais ; on lui frappa amicalement sur l’épaule, et une voix amie lui cria :

« Le prophète de la montagne a-t-il dit vrai ? faut-il se moquer du don de seconde vue ? »

Notre héros se retourna, et fut chaudement embrassé par Fergus Mac-Ivor. » Soyez mille fois le bien-venu à Holy-Rood, reconquis enfin par son légitime possesseur ! Ne vous avions-nous pas prédit que nous réussirions, et que vous tomberiez dans les mains des Philistins si vous nous quittiez ?

« Cher Fergus ! dit Waverley en l’embrassant à son tour, il y a long-temps que je n’ai entendu la voix d’un ami. Où est Flora ? »