Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/303

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fut renvoyée par les échos d’alentour, et le même signal fut répété une seconde, une troisième et une quatrième fois, mais de plus faible en plus faible, comme de plus loin en plus loin. On ne pouvait douter qu’il n’y eût aux environs un détachement de soldats, et tous étaient sur leurs gardes ; mais toute cette vigilance ne put faire découvrir à la sentinelle des hommes aussi habiles dans toutes les ruses de brigands que ceux dont elle épiait alors inutilement le passage.

Ces cris moururent donc dans le silence de la nuit, et les montagnards se remirent tout de suite en route, mais toujours avec plus de précaution et dans le plus grand silence. Waverley n’avait ni le temps, ni même l’envie d’observer, et il s’aperçut seulement qu’ils passaient à quelque distance d’un vaste édifice aux fenêtres duquel brillaient encore une ou deux lumières. Un peu plus loin, le chef montagnard flaira le vent comme un chien couchant, puis ordonna à sa troupe de s’arrêter une seconde fois ; il se mit à quatre pattes, enveloppé dans son manteau, de façon à ne point trop paraître au-dessus de la bruyère qu’il parcourait, et dans cette posture s’avança à la découverte. Il revint bientôt, congédia tous ses hommes, à l’exception d’un seul, et faisant signe à Waverley de l’imiter, ils se traînèrent tous trois, sans bruit, sur leurs mains et leurs genoux.

Après avoir marché de cette manière pénible plus de temps qu’il n’en fallait pour s’abîmer les genoux et les jambes, Waverley sentit une odeur de fumée qui sans doute avait frappé beaucoup plus tôt l’odorat plus fin de son guide. Elle sortait du coin d’une bergerie basse et presque en ruine, dont les murailles étaient faites de cailloux, comme toutes les chaumières d’Écosse, Le montagnard conduisit notre héros jusqu’au pied du mur, et sans doute pour lui faire comprendre l’imminence du danger, ou peut-être pour lui donner une plus haute idée de sa propre adresse, lui fit signe, tout en lui donnant l’exemple, de lever la tête, et de chercher à voir dans la bergerie. Waverley obéit, et aperçut cinq ou six soldats étendus près de leurs armes ; ils dormaient tous, à l’exception de la sentinelle, qui se promenait de long en large, son fusil sur l’épaule ; la lueur rougeâtre du feu se réfléchissait sur le canon de son fusil, tandis qu’elle passait et repassait devant le foyer dans sa courte promenade, tournant sans cesse les yeux vers le ciel du côté où la lune, cachée jusqu’alors par le brouillard, semblait près de se montrer.