Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/300

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meilleure chère qu’il ne s’y était attendu, car la volaille et le vin n’étaient pas étrangers sur la table. Les montagnards n’osaient jamais manger avec lui et le traitaient avec le plus grand respect, à moins qu’il ne fallût le retenir. Son seul amusement était de regarder par une fenêtre, ou plutôt par une ouverture irrégulière qu’on avait pratiquée pour en tenir lieu, un ruisseau large et rapide qui rugissait et écumait dans un lit de rochers, presque recouvert par des arbres et des buissons, et passant à environ dix pieds au-dessous de sa prison.

Le sixième jour de sa réclusion, Waverley se trouva si bien qu’il commença à chercher les moyens de sortir d’une prison si triste et si ennuyeuse, convaincu que les dangers qu’il allait courir dans cette tentative n’étaient rien, comparés à la monotonie insupportable de la masure de Janet ; mais la question était de savoir où il porterait ses pas quand il serait en liberté. Deux projets lui semblaient bons à suivre, bien que l’un et l’autre fussent difficiles et périlleux. Le premier était de retourner à Glennaquoich et de se joindre à Fergus-Mac-Ivor, qui ne pourrait manquer de lui faire bon accueil ; et, d’après la manière dont il considérait les choses, la rigueur dont on avait usé à son égard le dégageait, selon lui, de toute obéissance au gouvernement établi. Le second projet était de tâcher de gagner un port d’Écosse et de s’y embarquer pour l’Angleterre. Son esprit flottait irrésolu entre ces deux plans, et sans doute, s’il se fût évadé comme il en avait l’intention, il se serait finalement déterminé pour celui qui lui aurait paru comparativement le plus facile à exécuter. Mais sa fortune avait résolu qu’il n’aurait pas l’embarras du choix.

Le soir du sixième jour, la porte de la hutte s’ouvrit tout à coup et deux montagnards entrèrent. Waverley les reconnut pour être de ceux qui l’avaient amené à la chaumière ; ils causèrent quelques minutes avec leur vieux compagnon et son camarade, puis firent comprendre par des signes à Waverley qu’il se préparât à les accompagner : cette nouvelle le combla de joie. Tout ce qui s’était passé durant sa réclusion ne lui permettait pas de penser qu’on voulût lui faire aucun mal, et son esprit romanesque, qui avait repris dans la retraite beaucoup de l’élasticité que lui avaient fait perdre l’inquiétude, la haine, le désappointement et toutes les sensations pénibles excitées en lui par ses dernières aventures, était alors fatigué d’inaction. Sa passion pour le merveilleux, quoiqu’il soit dans la nature de cette disposition de l’âme d’être