Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/299

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comme un ange de consolation sur son lit de souffrance, Waverley fut forcé de reconnaître que sa conjecture était tout à fait impossible, car supposer qu’elle eût quitté le château de Glennaquoich, où elle était en sûreté, pour descendre dans les basses terres sur le théâtre de la guerre civile et habiter une si misérable retraite, c’était chose à peine imaginable. Pourtant son cœur bondissait quand il entendait distinctement le pas léger d’une femme entrer et sortir de la hutte, ou les sons étouffés de sa douce et tendre voix lorsqu’elle répondait au coassement rauque et sourd de la vieille Janet, car c’était, à ce qu’il comprit, le nom de son antique surveillante.

Ne pouvant mieux se distraire dans sa solitude, il tâcha d’aviser à un moyen de satisfaire sa curiosité en dépit des précautions sévères de Janet et du vieux janissaire montagnard, car il n’avait pas vu le jeune de toute la matinée. À la fin, après une minutieuse recherche, la vétusté de sa prison de bois parut devoir le mettre à même de combler ses plus chers désirs, car il parvint à arracher un clou d’une planche vermoulue. À travers ce trou étroit il put apercevoir une taille de femme, enveloppée dans un manteau, occupée à causer avec Janet. Mais, depuis le temps de notre grand’mère Ève, une excessive curiosité a toujours été punie par l’impossibilité de se satisfaire. Cette femme n’avait pas la taille de Flora, et il ne put voir sa figure ; et pour comble de malheur, tandis qu’il s’efforçait, à l’aide du clou, d’élargir l’ouverture pour porter ses regards plus loin, un léger bruit trahit son entreprise, et l’objet de sa curiosité disparut aussitôt ; la jeune femme, autant qu’il put le remarquer, ne revint plus à la chaumière.

Toutes les précautions prises pour l’empêcher de voir furent dès lors abandonnées, et non-seulement on lui permit de descendre de son lit, mais encore on l’aida à sortir de ce qu’on peut à la lettre appeler sa prison. Néanmoins il lui fut interdit de quitter la cabane. Le jeune montagnard avait rejoint son aîné, et l’un ou l’autre faisait toujours bonne garde. Quand Waverley approchait de la porte, la sentinelle qui était en faction lui barrait le chemin poliment, mais avec fermeté, et l’empêchait de sortir, cherchant à lui faire entendre par signes qu’il y avait du péril à le tenter et des ennemis dans le voisinage. La vieille Janet semblait inquiète et surveillait aussi Waverley, qui, n’ayant pas encore repris assez de force pour tâcher de s’enfuir en dépit de l’opposition de ses gardiens, se résignait par nécessité à la patience. Il faisait bien