Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

échangèrent encore plusieurs coups de fusil avec les gens de l’ouest ; mais ceux-ci, dès lors sans chef et craignant une seconde attaque, ne cherchèrent pas sérieusement à reprendre leur prisonnier, et trouvèrent plus sage de continuer leur route vers Stirling, emmenant avec eux leur capitaine et leurs camarades blessés.


CHAPITRE XXXVII.

WAVERLEY EST ENCORE MALHEUREUX.


La rapidité ou plutôt la violence avec laquelle on entraînait Waverley lui avait presque ôté la respiration, car les meurtrissures qu’il avait reçues dans sa chute l’empêchaient de faire agir ses jambes aussi vigoureusement qu’il eût pu le faire sans ce malheur. Ses guides s’en aperçurent : ils appelèrent à leur aide deux ou trois compagnons, et emmaillotant notre héros dans un manteau, ils se partagèrent ainsi la charge, et l’emportèrent aussi vite qu’auparavant et sans plus de peine. Parlant peu, et encore en langue gaëlique, ils ne ralentirent leur pas qu’après une course d’environ deux milles, accablés qu’ils étaient de lassitude, mais continuèrent toujours à marcher avec vitesse, se relayant les uns les autres de temps en temps.

Notre héros essaya de leur parler, mais on lui ferma la bouche avec un « Cha n’eil beurl’ agam, » c’est-à-dire « Je ne sais pas l’anglais. » Ce qui est toujours, comme le savait bien Waverley, la réponse d’un montagnard quand il ne comprend pas, ou ne veut point répondre à un Anglais ou à un homme des basses terres. Il prononça aussi le nom de Vich-Jan-Vohr, croyant qu’il devait à son amitié d’être sorti des griffes du digne Gilfillan ; mais son escorte ne sembla point s’en apercevoir.

L’astre de la nuit commençait à briller quand la troupe s’arrêta au bord d’une vallée profonde qui, éclairée en partie par les rayons de la lune, paraissait pleine d’arbres et de broussailles. Deux des montagnards y descendirent par un petit sentier comme pour en visiter l’intérieur, et l’un d’eux revint quelques minutes après, dit un mot à ses compagnons, qui reprirent sur-le-champ leur fardeau et l’emportèrent avec beaucoup de soin et d’attention par la descente étroite et rapide. Mais, malgré leurs précautions, le corps de Waverley heurta plus d’une fois et assez