Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/284

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cruelles inquiétudes ; il ajouta que, quel que pût être son sort, il appartenait à une famille qui était reconnaissante de ce qu’on faisait pour elle, et qui avait le pouvoir de témoigner sa reconnaissance. La vivacité de ses remerciements fit venir les larmes aux yeux du digne ecclésiastique, qui portait maintenant deux fois plus d’intérêt à la cause pour laquelle il avait bénévolement offert ses services, par la naïveté et la touchante franchise de son jeune ami.

Édouard demanda à M. Morton s’il savait où on allait l’envoyer.

« Au château de Stirling, répliqua celui-ci. J’en suis charmé pour vous ; car le gouverneur est un homme honorable et humain. Mais je ne suis pas rassuré sur la manière dont vous serez traité pendant la route ; le major Melville est, à son grand regret, obligé de vous confier à la garde d’une autre personne. »

« Tant mieux, répondit Waverley ; je déteste ce magistrat écossais, à l’âme sèche, au cœur froid. J’espère ne jamais le revoir. Il n’a de compassion ni pour l’innocence ni pour le malheur ; l’attitude glaciale avec laquelle il accomplissait toutes les formalités de la politesse, pendant qu’il me tourmentait de ses questions, de ses soupçons, de ses rapprochements, me faisait souffrir autant que les tortures de l’inquisition… N’entreprenez pas de le justifier, je ne pourrais vous écouter de sang-froid ; dites-moi plutôt à qui l’on confiera un prisonnier d’état d’aussi grande importance que moi. » — « À un nommé Gilfillan, à ce que je crois ; un membre de la secte des caméroniens. » — « Je n’ai jamais entendu parler de cette secte. » — » Elle a la prétention, répondit le ministre, de représenter les presbytériens rigides, qui, au temps de Charles II, refusèrent de profiter de la tolérance, ou, comme on disait alors, de l’indulgence accordée par le gouvernement à leurs co-religionnaires. Ils tenaient des conventicules dans la campagne ; le gouvernement écossais les traitait avec tant de violence et de cruauté, que, durant ces derniers règnes, ils ont plus d’une fois pris les armes. Ils tirent leur nom de leur chef, Richard Caméron. »

« Je me le rappelle, dit Waverley ; mais le triomphe du presbytérianisme, à l’époque de la révolution, n’a-t il pas éteint cette secte ? » — « Point du tout, répliqua Morton. La révolution fut bien loin de réaliser leurs espérances, qui n’allaient à rien moins qu’à l’établissement complet de l’église presbytérienne sur les