Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/282

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étaient de trouver les moyens de la mériter. « Mon excellent ami, le major Melville, continua-t-il, a les sentiments d’un militaire qui remplit les devoirs d’un magistrat. Ma position n’est point semblable à la sienne ; et je ne partage pas toujours ses opinions, où je trouve souvent trop peu d’indulgence pour les faiblesses de la nature humaine. » Il se tut un moment, et reprit en ces termes : « Je ne sollicite pas votre confiance, monsieur Waverley, pour obtenir de vous des révélations qui pourraient être préjudiciables à vous ou aux autres ; mais je vous avoue que mon désir le plus ardent serait que vous fissiez connaître des particularités qui pourraient servir à votre justification. Je vous assure, et je ne vous parle point légèrement, qu’elles seront confiées à un homme fidèle, et dont le zèle pour vous n’aura de bornes que les limites de sa faible puissance. » — « Vous êtes, monsieur, à ce que je présume, un ministre presbytérien ? » M. Morton fit un geste de tête affirmatif. — « Si je m’abandonnais aux préjugés de mon éducation, je douterais de la sincérité de votre zèle en ma faveur ; mais j’ai remarqué que dans ce pays on a des préjugés semblables contre mes pères, les croyants de l’église épiscopale. Je crois volontiers que les préjugés sont aussi mal fondés dans un cas que dans l’autre. »

« Malheur à qui pense autrement, dit M. Morton, et qui regarde la discipline ecclésiastique et ses cérémonies comme la base indispensable de la foi chrétienne et des vertus morales ! »

« Mais, dit Waverley, je ne vois pas pourquoi je vous ennuierais du récit de mes aventures : après les avoir repassées, aussi attentivement que possible, dans mon esprit, je me sens hors d’état de repousser la plupart des charges qui pèsent sur moi. Je sens très-bien que je suis innocent, mais je ne sais comment m’y prendre pour le prouver, je n’ai pas l’espérance d’y réussir. » — C’est précisément pour cela, monsieur Waverley, que je sollicite votre confiance. Je connais tout le monde, ou à peu près, dans ce pays ; et je trouverai aisément des moyens de recommandation auprès de ceux que je ne connais pas personnellement. Votre situation vous empêchera, j’en ai la crainte, de faire les démarches nécessaires pour réunir les preuves de votre innocence, et confondre d’injustes accusations ; je ferai ces démarches pour vous ; si mon zèle vous est inutile, au moins il ne peut vous être préjudiciable. »

Waverley, après quelques minutes de réflexion, fut convaincu