Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/271

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major Melville le reconnaîtrait par les lettres qui étaient sur la table.

Le major Melville, déférant à cette invitation, prit lecture des lettres de Richard Waverley, de sir Éverard, et de la tante Rachel ; mais les conséquences qu’il en tira n’étaient pas telles que l’espérait Waverley. Il y vit le langage de la haine contre le gouvernement, des projets de vengeance assez clairement exprimés ; et la lettre de miss Rachel, qui affirmait positivement la justice de la cause des Stuarts, parut au major une déclaration franche des sentiments que les autres n’exprimaient que d’une façon détournée.

« Permettez-moi encore une question, monsieur Waverley, dit le major Melville : n’avez-vous pas reçu plusieurs lettres de votre colonel, où il vous invitait et vous enjoignait de revenir à votre poste, et vous avertissait de l’usage qu’on avait fait de votre cachet pour semer l’esprit de mécontentement parmi les soldats ? » — « Non, major Melville. Je n’ai reçu de mon colonel qu’une lettre où il exprimait, avec beaucoup de civilité, le désir que je n’employasse pas tout le temps de mon congé à résider à Bradwardine ; ce qui, je l’avoue, me parut de sa part une recommandation un peu indiscrète ; enfin, le jour même où je lus dans la gazette que j’étais remplacé, je reçus du colonel Gardiner une seconde lettre où il m’ordonnait de rejoindre le régiment ; mais, à cause de l’absence dont je viens de vous parler, cette lettre m’arrivait quand il n’était plus temps d’y obéir. S’il y a eu quelques lettres à moi adressées par le colonel entre ces deux-là, et le noble caractère du colonel ne me permettrait pas d’en douter, elles ne me sont jamais parvenues. »

« J’ai oublié, monsieur Waverley, continua le major Melville, de vous demander des détails sur une circonstance moins importante, mais dont on a parlé dans le public à votre désavantage. On a dit qu’un toast contre le gouvernement établi ayant été proposé en votre présence, vous, officier dans les troupes de Sa Majesté, vous avez laissé à un gentilhomme de la compagnie le soin de demander raison de cet outrage. Ceci, monsieur, ne peut être le sujet d’une accusation contre vous devant une cour de justice ; mais si, comme j’en suis informé, les officiers de votre régiment vous ont demandé des explications sur un tel bruit, en votre qualité de gentilhomme et de militaire, je ne puis que m’étonner que vous ne les ayez point satisfaits. »