Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/255

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avec son skene o’ccle. » — « Skene o’ccle ! qu’est-ce que cela ? »

Callum déboutonna son habit, leva le bras gauche, et avec un geste expressif montra la poignée d’un petit poignard caché dans la doublure de sa veste. Waverley crut avoir mal compris ce qu’il voulait dire ; il regarda fixement Callum, et ne découvrit sur ses traits un peu hâlés, mais d’une beauté remarquable, que le même degré de méchanceté malicieuse qui pourrait animer ceux d’un Anglais, du même âge, au moment où il formerait le complot de voler les fruits d’un verger.

« Grand Dieu ! Callum, voudriez-vous ôter la vie à cet homme ? »

« Ma foi, répliqua le jeune déterminé, je crois qu’il a déjà fait un bail assez long, s’il songe à trahir d’honnêtes gens qui viennent dépenser leur argent dans son auberge. »

Édouard vit que dans ce cas il ne gagnerait rien par des raisonnements ; il se contenta donc d’enjoindre à Callum de mettre de côté ses projets contre la personne de M. Ebenezer Cruickshanks, et le page y acquiesça avec l’air de la plus grande indifférence.

« Son honneur peut faire là-dessus ce qu’il lui plaît ; le vieux coquin n’a jamais fait de mal à Callum. Mais voilà un bout de lettre de la part du chef, qu’il m’a chargé de remettre à votre honneur avant de le quitter. »

La lettre du chef contenait les vers de Flora sur le capitaine Wogan, dont le caractère entreprenant a été si bien dessiné par Clarendon. Il avait d’abord été attaché au parti du parlement, mais l’avait abandonné lors de l’exécution de Charles Ier, et en apprenant que l’étendard royal avait été arboré par le comte de Glencairn et le général Middleton, dans les hautes terres d’Écosse, il prit congé de Charles II, alors à Paris, repassa en Angleterre, assembla un corps de cavaliers dans les environs de Londres, traversa le royaume qui était depuis si long-temps sous la domination de l’usurpateur, et mit tant d’adresse, d’habileté et de courage dans ses marches, qu’il parvint à réunir, sans accident, sa poignée de cavaliers au corps de montagnards qui avait pris les armes. Après plusieurs mois d’une guerre dont les chances furent variables, et où les talents et l’intrépidité de Wogan lui acquirent la plus brillante réputation, il eut le malheur d’être blessé d’une manière dangereuse, et se trouvant hors de portée de recevoir les secours d’un chirurgien, il termina sa courte et glorieuse carrière.