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avaient eue le matin, mais Flora ne parut pas. Fergus, dont les yeux étincelèrent lorsque Cathleen lui dit que sa maîtresse avait l’intention de garder sa chambre ce soir-là, alla lui-même la chercher ; mais apparemment ses représentations furent inutiles, car il revint bientôt après, le teint animé et avec toutes les marques d’un profond mécontentement. Le reste de la soirée se passa, tant de la part de Fergus que de celle de Waverley sans aucune allusion au sujet qui absorbait toutes les pensées de ce dernier et peut-être de tous les deux. »

Lorsqu’il se fut retiré dans son appartement, Édouard essaya de récapituler tous les événements de la journée. Il ne pouvait douter que pour le moment Flora ne persistât dans ses refus, mais il pouvait peut-être espérer que le temps la lui rendrait plus favorable, si les circonstances lui permettaient de lui exprimer de nouveau ses vœux. Cet enthousiasme de loyauté qui, en ce moment d’exaltation, ne laissait pas de place à une passion plus tendre, ne survivrait peut-être pas dans toute sa force et aussi exclusivement au succès ou à la ruine des complots politiques auxquels elle prenait une si grande part ; et dans ce cas ne pouvait-il pas se flatter que l’intérêt qu’elle avait avoué prendre à son sort pourrait devenir un sentiment plus tendre ? En vain il interrogeait sa mémoire, et cherchait à se rappeler chaque mot qu’elle avait prononcé, avec le regard et le geste qui l’avaient accompagné ; il finissait toujours par se retrouver dans la même incertitude. Aussi, malgré les fatigantes agitations de la journée, ce ne fut que très-tard que le sommeil vint apaiser le trouble de son esprit.


CHAPITRE XXVIII.

LETTRE DE TULLY-VEOLAN.


Vers le matin, après que le sommeil eut succédé de plusieurs heures aux pénibles réflexions de Waverley, il entendit de la musique dans ses rêves, mais non la voix de Selma. Il se crut transporté à Tully-Veolan, et il lui semblait ouïr la voix matinale de Davie Gellalley chantant dans la cour ces fragments d’airs qui le réveillaient ordinairement pendant son séjour chez le baron de Bradwardine. Les sons qui frappaient ses oreilles dans cette vision devinrent de plus en plus forts jusqu’à ce qu’É-