Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/236

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aussi que je suis enchanté de ce que vous me dites, et je fais un tel cas de Flora, que vous êtes le seul Anglais auquel je puisse parler ainsi. Cependant, avant de me serrer la main avec tant d’ardeur, nous avons des réflexions à faire. Votre famille approuvera-t-elle votre union avec la sœur d’un montagnard de haute naissance, mais qui n’a pas le sou ? »

« La position de mon oncle, dit Waverley, ses opinions en général, et sa constante indulgence, m’autorisent à dire que la naissance et les qualités personnelles sont tout ce qu’il envisagerait dans une telle union. Et où puis-je les trouver réunies dans une plus grande perfection que dans votre sœur ? »

« Oh ! nulle part, cela va sans dire, reprit Fergus en souriant ; mais votre père a le droit d’être consulté. » — « Sans doute ; mais la disgrâce qu’il vient d’éprouver auprès des puissances du jour écarte toutes les craintes que j’aurais pu concevoir à ce sujet, et d’autant plus que mon oncle, j’en suis certain, plaidera chaudement ma cause. »

« La différence de religion, peut-être, dit Fergus, nous suscitera des obstacles, quoique nous ne soyons pas des catholiques intolérants ? » — « Ma grand’mère appartenait aussi à l’église romaine, et jamais sa religion ne fut un obstacle pour la famille. N’en cherchez donc pas du côté de mes parents, mon cher Fergus ; souffrez au contraire que j’invoque votre influence pour m’aider à les combattre là où ils me paraissent devoir être le plus puissants, je veux dire auprès de votre aimable sœur. »

« Mon aimable sœur, reprit Fergus, tout comme son aimable frère, est assez disposée à ne prendre conseil que de sa volonté, qui est passablement décidée. Cependant je vous servirai de tout mon crédit et de mes avis. Et pour commencer à vous mettre sur la voie, je vous dirai que la fidélité à la cause d’un roi malheureux est le sentiment qui la domine ; depuis qu’elle a su lire l’anglais, elle s’est éprise d’une belle passion pour la mémoire du brave capitaine Vogan, qui, après avoir renoncé au service de l’usurpateur Cromwell pour rejoindre les drapeaux de Charles II, marcha à la tête d’une poignée de cavaliers de Londres jusqu’aux hautes terres, afin de se réunir à Middleton, qui portait alors les armes en faveur du roi, et mourut glorieusement pour la cause à laquelle il s’était dévoué ; priez-la de vous montrer les vers qu’elle a composés sur ce sujet, ils ont été fort admirés, je vous assure. Le second point sera de… Mais il me semble que j’ai vu