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Cette réception terminée, Fergus dit trois ou quatre paroles à sa sœur en gaëlique : des larmes brillèrent aussitôt dans ses yeux, mais elles paraissaient être des larmes de plaisir et de joie, car elle leva ses yeux vers le ciel, et joignit les mains comme dans une expression solennelle de prière ou de reconnaissance. Après une pause d’une minute, elle présenta à Édouard quelques lettres qui lui avaient été envoyées de Tully-Veolan pendant son absence, et en même temps elle en remit à son frère. Elle donna aussi à ce dernier trois ou quatre numéros du Mercure calédonien, le seul journal qu’on publiât alors au nord de la rivière de la Tweed.

Les deux gentilshommes se retirèrent pour examiner leurs dépêches, et Édouard vit bientôt que celles qu’il avait reçues contenaient des affaires du plus grand intérêt.


CHAPITRE XXV.

NOUVELLES D’ANGLETERRE.


Jusqu’alors les lettres que Waverley avait reçues de ses parents d’Angleterre n’étaient pas de nature à mériter une attention particulière dans ce récit. Son père lui écrivait, en général, avec la pompeuse affectation d’un homme trop surchargé par les affaires publiques pour s’occuper de celles de sa famille. De temps à autre il citait des personnages de rang en Écosse, auxquels il désirait que son fils rendît quelque hommage : mais Waverley, occupé jusque-là des amusements qu’il avait trouvés à Tully-Veolan et à Glennaquoich, avait fait peu d’attention à des avis donnés aussi froidement, d’autant plus que la distance, la brièveté des congés qu’il obtenait, et autres raisons semblables, fournissaient une excuse toute prête. Mais le dernier paquet d’épîtres paternelles de M. Richard Waverley consistait en certains avis mystérieux de grandeur et d’influence, qui assureraient à son fils l’avancement le plus rapide s’il restait au service militaire. Les lettres de sir Everard étaient différentes ; elles étaient laconiques : le bon baronnet n’était pas de ces correspondants éternels, dont le manuscrit inonde les replis de leur grand papier, et ne laisse pas de place pour le cachet ; elles étaient pleines de bonté et d’affection, et se terminaient rarement sans faire quelque allusion au haras de notre héros, quelque question sur l’état de