Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne pouvait s’habituer au kilt), les brogues et le bonnet, comme le vêtement le plus convenable à l’exercice auquel il devait se livrer, et qui l’exposait le moins aux regards comme étranger en arrivant au rendez-vous. Ils trouvèrent au lieu assigné plusieurs chefs puissants auxquels Waverley fut présenté suivant le cérémonial, et accueilli cordialement par tous. Leurs vassaux et leurs hommes de clan, dont une partie du devoir féodal était de suivre leurs chieftains ou capitaines dans ces parties, étaient en si grand nombre qu’ils formaient une petite armée. Ces aides actifs se répandaient dans le pays et formaient un cercle qu’on appelait techniquement le tinchel, qui, se resserrant graduellement, chassait les daims en troupeaux vers les taillis où les chefs et les principaux chasseurs les attendaient. Pendant ce temps, ces personnages distingués bivouaquaient sur la bruyère fleurie, enveloppés dans leurs manteaux, mode de passer une nuit d’été que Waverley ne trouva pas du tout désagréable.

Pendant plusieurs heures après le lever du soleil, les côtes des montagnes et les passages conservaient leur apparence ordinaire de silence et de solitude, et les chefs avec leurs serviteurs s’amusaient à différents passe-temps, dans lesquels les plaisirs de la coupe, ainsi que le dit Ossian, n’étaient pas oubliés ; d’autres se retiraient à part sur une colline, probablement aussi occupés de discussions politiques et de nouvelles que l’esprit de Milton l’était de recherches métaphysiques. Enfin, on distingua et l’on entendit des signaux de l’approche du gibier : des sons éloignés retentissaient de vallon en vallon, à mesure que différents partis de montagnards, gravissant les rochers, traversant des bouquets de bois, des ruisseaux et des taillis, se rapprochaient les uns des autres, et forçaient le daim étonné et tous les autres animaux sauvages qui fuyaient devant eux, à se resserrer dans un circuit plus étroit. De temps à autre on entendait le bruit des mousquets répété par mille échos ; l’aboiement des chiens venait s’ajouter au tumulte qui croissait de plus en plus ; enfin les partis avancés des daims commencèrent à se montrer, et à mesure que les traîneurs descendaient deux ou trois ensemble dans le passage en bondissant, les chefs montraient leur adresse en choisissant les plus gras, et signalaient leur dextérité en les abattant avec leur fusil. Fergus se fit aussi remarquer, et Édouard eut le bonheur d’attirer l’attention et les applaudissements des chasseurs.

Mais en ce moment le corps principal des daims parut à l’en-