Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/211

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clairs, une portion du butin du voleur, qu’il paie au laird ou chef sur le terrain duquel il fait passer sa proie. Oh, il est certain que si je ne trouve moyen de jeter un charme sur la langue de Flora, le général Blakeney enverra de Stirling un détachement avec un sergent (il prononça ces mots avec une ironie hautaine et emphatique) pour saisir Vich-Jan-Vohr, sobriquet qu’on me donne, dans son propre castel. »

— « Allons, Fergus, notre hôte doit-il s’apercevoir que tout ceci est folie et affectation ? Vous avez assez d’hommes pour vous servir, sans enrôler des bandits, et votre propre honneur est au-dessus de toute tache. Pourquoi ne chassez-vous pas ce Donald Bean Lean que je hais plus pour sa duplicité et sa flatterie, que même pour sa rapine, hors de vos domaines ? Nulle cause ne pourrait me faire souffrir un pareil bandit. »

« Nulle cause, Flora ? » dit le chef d’un air significatif. — « Nulle cause, Fergus ! pas même celle que j’ai le plus à cœur. Épargnez-lui le présage de soutiens aussi dangereux ! »

« Oh ! mais, ma sœur, reprit gaiement le chef, vous n’avez pas égard à mon respect pour la belle passion. Evan Dhu Maccombich est amoureux de la fille de Donald, Alice ; et vous ne devez pas compter que je le dérangerai dans ses amours. Tous les clans crieraient honte sur moi. Vous savez qu’un de leurs sages proverbes est : qu’un parent est une partie du corps de l’homme, mais qu’un frère de lait est une partie de son cœur. » — « Fergus, il n’y a point à disputer avec vous, mais je désire que tout ceci se termine bien ! » — « C’est prier dévotement, ma chère et prophétique sœur, et c’est le meilleur moyen de mettre fin à un argument douteux. Mais n’entendez-vous pas les cornemuses, capitaine Waverley ? Peut être aimerez-vous mieux danser avec eux dans la salle, que d’être étourdi par leur harmonie sans prendre part à l’exercice auquel ils nous invitent ? »

Waverley prit la main de Flora. La danse, les chants et les jeux continuèrent, et terminèrent la fête du château de Vich-Jan-Vohr. Édouard se retira enfin, l’esprit agité d’une variété de sentiments nouveaux et confus, qui interrompirent son repos pendant quelque temps, et retinrent son esprit dans cet état qui n’est pas sans agrément, où l’imagination s’empare du gouvernail, et où l’âme glisse paisiblement sur le torrent rapide et trouble des réflexions plutôt que de s’exercer à les combattre, les mettre en système,