Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/206

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Clan de Fingon, toujours en héros si fertile,
Au clan de Korri-More unis ton noble effort,
Pour lancer à la mer le navire indocile
Et manier la rame attachée à son bord.

Glorieux Mac Shimei, quelle sera ta joie
Quand ton chef de la toque armera ton vieux front !
De l’ennemi bientôt il va faire sa proie,
Venger la mort d’Alpine et son antique affront.

Fils de Dermid, effroi du sanglier sauvage,
Du vaillant Callum More oublierez-vous les droits ?
Mac Neil et Moy du Lac, armez votre courage :
la liberté, l’honneur, vous somment à la fois.


À cet endroit du poëme, un énorme lévrier, paraissant dans le vallon, accourut près de Flora, et par ses importunes caresses interrompit ses chants. Un sifflet s’étant fait entendre au loin, l’animal se retourna et descendit de nouveau le sentier avec la rapidité d’une flèche. « Ce lévrier est le fidèle compagnon de Fergus, capitaine Waverley, et ce coup de sifflet est son signal ordinaire ; il n’aime pas la poésie, mais bien ce qui respire la gaieté ; il vient assez à temps pour mettre fin au long catalogue de nos tribus, qu’un de vos poètes anglais a eu l’insolence d’appeler


Un fier et vain ramas de tristes mendiants.
Qui surchargent de Macs[1] leurs noms retentissants. »


Édouard témoigna le regret que lui faisait éprouver cette interruption. — « Oh ! ce que vous perdez se réduit à fort peu de chose ! Dans les vers qui suivent le barde se croit obligé d’adresser trois longues stances à Vich-Jan-Vohr des Bannières ; il énumère toutes ses grandes qualités, et n’oublie point de louer sa bienveillance pour le barde de la tribu, et surtout les sentiments de générosité dont il fait preuve. Vous eussiez en outre entendu l’apostrophe adressée au fils de l’étranger, au jeune homme aux blonds cheveux, qui habite le pays où le gazon est toujours vert ; des stances en l’honneur du cavalier monté sur un coursier aux riches harnais, dont la couleur ressemble à celle du corbeau, et dont le hennissement est comme le cri perçant de l’aigle avant le combat. D’autres vers rappelaient avec douceur au vaillant cavalier que ses ancêtres s’étaient rendus célèbres par leur loyauté, ainsi que par leur courage. Voilà tout ce que vous avez perdu ; mais, puisque votre curiosité n’est pas satisfaite, d’après le son éloigné du sifflet de mon frère, je vois que je puis avoir le temps

  1. Épithète honorifique répondant à fils. a. m.