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George ne cessaient d’espérer. Pour arriver à ce but, elle était disposée à tout faire, à tout souffrir, à tout sacrifier. Mais si sa loyauté surpassait celle de son frère en fanatisme, elle la surpassait aussi en pureté. Accoutumée de petites intrigues, enveloppé nécessairement dans mille discussions personnelles, ambitieux d’ailleurs par caractère, la foi politique de Fergus était imprégnée, pour ne pas dire infectée de vues d’intérêt et d’avancement, le tout si étroitement combiné, que le jour où il dégainerait sa claymore, il serait peut-être difficile de décider s’il agissait pour faire de Jacques Stuart un roi, ou pour faire de Fergus Mac-Ivor un comte. Tout cela formait un mélange de sentiments qu’il ne s’avouait point à lui-même, mais qui cependant existait dans son âme au plus haut degré.

Dans le cœur de Flora, au contraire, le zèle de la loyauté était pur et exempt de tout sentiment intéressé. Elle se serait plutôt servie de la religion comme d’un masque pour satisfaire des vues ambitieuses et intéressées, si quelques-unes avaient eu accès dans son âme, qu’elle n’eût eu recours à ses sentiments de patriotisme et de fidélité pour arriver à ce but. De tels exemples de dévouement n’étaient point rares parmi les partisans de la race infortunée des Stuarts ; et peut-être mes lecteurs peuvent-ils s’en rappeler quelques-uns. L’intérêt tout particulier que le chevalier de Saint-George et la princesse son épouse avaient témoigné à la famille de Fergus et de sa sœur, et même à ces deux enfants lorsqu’ils étaient orphelins, n’avait pas peu contribué à accroître la fidélité qu’ils avaient vouée à ces illustres protecteurs. Fergus, à la mort de ses parents, avait été pendant quelque temps page d’honneur à la suite de la princesse, qui, en raison de sa beauté et de son esprit, l’avait toujours traité avec une distinction toute particulière. Cette protection s’étendit jusqu’à Flora, qui fut placée pendant quelques années dans un couvent de premier ordre, aux dépens de la princesse, et transportée ensuite au sein de sa famille, où elle avait à peu près passé deux ans. Les bontés de cette auguste personne inspirèrent au frère et à la sœur des sentiments de reconnaissance profonds et ineffaçables.

Ayant ainsi développé les principaux traits du caractère de Flora, je n’ajouterai plus à ce sujet que quelques mots. Elle était vraiment accomplie ; car, possédant ces manières élégantes que l’on devait nécessairement attendre d’une jeune personne qui, dans son jeune âge, avait été la compagne d’une jeune princesse,