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obéir par un seul signe[1].

« Et quel est le nombre de ces braves qui sont assez heureux pour vous appeler leur chef ? » demanda Waverley.

« Dans une bonne cause et sous un chef qu’ils aiment, la race d’Ivor fournit rarement moins de cinq cents claymores : mais vous savez sans doute, capitaine Waverley, que le désarmement opéré il y a à peu près vingt ans empêche que le nombre de nos hommes prêts à combattre soit aussi considérable qu’autrefois. Je n’ai sous les armes qu’un nombre d’hommes suffisant pour défendre mes propriétés et celles de mes amis, quand le pays est troublé par des hommes comme votre hôte de la nuit dernière. Le gouvernement nous ayant ôté tous autres moyens de défense, ne doit point trouver étrange que nous nous protégions nous-mêmes. »

« Mais, avec ce nombre d’hommes, il vous serait facile de détruire ou de soumettre la troupe de Donald Bean Lean. »

« Oui, sans doute ; et pour récompense je me trouverais obligé de remettre au général Blackney, à Stirling, le peu d’armes qui nous ont été laissées : ce serait agir sans discernement, je crois. Mais allons, capitaine, le son des cornemuses m’annonce que le dîner est servi ; que j’aie donc l’honneur de vous recevoir dans mon rustique manoir. »


CHAPITRE XX.

UN REPAS DANS LES HIGHLANDS.


Avant que Waverley fît son entrée dans la salle du banquet, on s’empressa, selon l’usage patriarcal, de lui offrir un bassin où il pût se laver les pieds ; il était tout naturel que notre héros agréât cette offre, car la chaleur était alors étouffante, et les marécages que les voyageurs venaient de traverser les avaient accablés de fatigue. Mais on ne déploya point dans cette occasion le luxe dont les héros voyageurs de l’Odyssée étaient l’objet dans une circonstance semblable. La tâche de l’ablution ne fut point remplie par une belle demoiselle instruite.

  1. Pour donner l’explication des exercices militaires observés au château de Glennaquoich, l’auteur fera remarquer que les Highlandais, non seulement maniaient avec habileté l’épée, l’arquebuse, et étaient experts aux jeux et exercices adoptés dans toute l’Écosse, mais qu’encore ils avaient une sorte de jeu tout particulier, conforme à leur costume et à leur manière de se battre. Ainsi ils avaient plusieurs manières de disposer leur plaid, une quand ils voyageaient tranquillement, une autre quand il y avait quelque danger à craindre ; une manière de s’envelopper dedans pour goûter un sommeil non interrompu, et une autre au moyen de laquelle ils pouvaient se lever, à la moindre alarme, l’épée et le pistolet à la main.
    Avant l’année 1720, ou à peu près, le plaid à ceinture était universellement adopté ; la partie qui entourait le milieu du corps et celle qui tombait sur les épaules ne formaient qu’une seule pièce. Dans une attaque désespérée, le plaid était jeté, et le clan s’avançait dépouillé de son costume, ne conservant qu’une espèce de chemise arrangée artificiellement, et qui, comme celle des Irlandais, était toujours ample, et de plus le sporran-mollac, ou bourse en peau de chèvre.
    La manière de tenir le pistolet et le dirk ou poignard, faisait aussi partie de l’exercice manuel des Highlandais, que l’auteur a vu faite par des hommes qui l’avaient appris dans leur jeunesse. m. a.