Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/185

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fait construire an retour de cette mémorable expédition si bien connue dans les comtés de l’ouest sous le nom de Highland Host. Vich Jan Vohr avait probablement été aussi heureux dans cette croisade contre les whigs et les convenantaires du comté d’Ayr, que l’avait été son prédécesseur lors de son excursion dans le Northumberland, puisqu’il laissa à sa postérité, comme monument de sa magnificence, un édifice rival de la tour élevée par Jan Mac-Ivor.

Autour de ce château, élevé sur une éminence au milieu d’une vallée étroite des Highlands, on n’apercevait aucune trace de ces soins, encore moins de ces ornements qui décorent ordinairement les lieux environnant l’habitation d’un gentilhomme. Un enclos ou deux, divisés par des murs en pierres sans ciment, étaient les seules parties du domaine qui fussent défendues. Les étroites lisières de terrain qui s’étendaient sur les bords du ruisseau présentaient des champs d’orge peu abondants, exposés en outre aux constantes déprédations des troupeaux de chevaux sauvages et de bétail noir qui paissaient sur les coteaux voisins. Ces troupes d’animaux faisaient même quelquefois une incursion sur les terres labourables ; mais alors ils étaient repoussés par les cris bruyants, barbares et dissonnants d’une demi-douzaine de bergers highlandais, courant tous comme des fous et appelant un chien étique et affamé, pour défendre les terres confiées à leur garde. À une petite distance, vers le haut du vallon, on apercevait un bois de bouleaux petits et rabougris ; les coteaux étaient élevés et couverts de bruyères, mais la surface n’en était point variée : aussi l’ensemble du paysage était-il triste et sauvage, plutôt que grand et solitaire. Cependant, quel que fût ce séjour, aucun véritable descendant de Jan Nan Chaistel ne l’eût changé pour celui de Stow ou de Bleinheim[1].

Vis-à-vis de la porte du manoir, un tableau se présenta aux yeux de Waverley, et ce tableau était tel qu’il eût peut-être frappé plus agréablement le premier propriétaire de Bleinheim que le plus beau paysage des possessions que lui avait concédées son pays à titre de reconnaissance. Cent Highlandais environ étaient rangés avec ordre et couverts de leurs costumes et de

  1. Stow, fameux jardins d’Angleterre. Bleinhem, domaine donné par la reine Anne au duc de Marlborough, en récompense de ses services dans la guerre contre la France. a. m.