Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/184

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celui d’être uniquement le grand homme de son voisinage et d’avoir sur un petit clan une autorité despotique. Depuis son enfance il s’était voué à la cause de la famille exilée, et il était convaincu que non seulement son rétablissement sur le trône de la Grande-Bretagne serait prompt, mais que ceux qui l’auraient facilité recevraient en retour un rang et des honneurs. C’était dans ce but qu’il s’efforçait de réconcilier les Highlandais, et qu’il donnait à ses propres forces tout l’accroissement possible, afin de se trouver prêt à la première occasion favorable. Toujours dans ce but, il se concilia la faveur de tous les gentilshommes des Lowlands, ses voisins, qui étaient attachés à la bonne cause ; et pour la même raison, ayant eu antérieurement, sans le vouloir, quelque discussion avec M. Bradwardine, qui, malgré son originalité, était très-respecté dans le pays, il sut tirer avantage de l’excursion de Donald Bean Lean, en apaisant la discussion de la manière que nous venons de mentionner. Quelques-uns même soupçonnèrent que Fergus avait suggéré à Donald la pensée de cette entreprise, afin de se préparer ainsi un moyen de réconciliation qui, en supposant que tout se fût passé comme quelques personnes le pensaient, avait coûté eau laird de Bradwardine deux excellentes vaches à lait. Ce zèle pour la maison des Stuarts lui attira de leur part une confiance illimitée, quelquefois des sacs de louis d’or, une grande quantité de belles paroles, et un parchemin signé et scellé, constatant que le titre de comte était accordé par le roi Jacques, troisième du nom en Angleterre et huitième en Écosse, à son féal, brave, fidèle et bien-aimé Fergus Mac-Ivor de Glennaquoich, du comté de Perth, au royaume d’Écosse.

Muni de cette future couronne de comte qui brillait à ses yeux, Fergus paya de sa personne dans toutes les conspirations qui signalèrent cette malheureuse époque, et, de même que tous les agents actifs d’un parti, il trouva facilement dans sa conscience l’excuse des excès que se permettait le sien ; et certainement l’honneur et l’orgueil l’eussent détourné de ces excès, s’il n’avait eu pour objet que son avancement personnel. Après cette analyse d’un caractère hardi ambitieux, passionné, mais fin et politique, nous reprendrons le fil interrompu de notre récit.

Le chef et son hôte étaient alors arrivés à la demeure de Glennaquoich, qui consistait dans le manoir de Jan Nan Chaistel. C’était une tour haute et carrée, d’un aspect grossier, à laquelle on avait ajouté une maison à deux, étage. L’aïeul de Fergus l’avait