Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/160

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Notre héros, qui avait accompagné Evan-Dhu, fut vivement frappé de la manière franche dont il prit ses informations et dont il promit d’en faire un prompt usage. Evan-Dhu, de son côté, fut très-flatté de l’attention que Waverley avait mise à l’écouter, de l’intérêt que lui inspiraient ses questions, et du désir qu’il témoigna de connaître par lui-même les mœurs et le pays des montagnards. Sans autre cérémonie, il invita Édouard à faire avec lui une petite promenade de dix ou quinze milles dans les montagnes, à venir voir l’endroit où l’on avait conduit les vaches. « Car il est probable, ajouta-t-il, que vous n’avez jamais vu et que vous ne verrez jamais rien de semblable de votre vie, si vous ne venez parmi nous. » Notre héros sentit sa curiosité vivement excitée par l’idée de visiter l’antre d’un Cacus Highlandais ; il prit toutefois la précaution de s’informer s’il pouvait se fier à son guide. On lui assura que s’il y avait eu le moindre danger à courir, l’invitation ne lui eût pas été faite, et qu’il n’y avait à craindre qu’un peu de fatigue ; et comme Evan lui proposa de passer un jour en revenant au manoir de son chef, où il était sûr d’être bien accueilli, cette course n’avait en apparence rien de redoutable. Rose cependant devint pâle lorsqu’elle en entendit parler ; mais son père, qui aimait la vive curiosité de son jeune ami, n’essaya pas de le refroidir en lui parlant de périls qui n’existaient pas réellement : et accompagné d’une espèce de garde-chasse qui portait sur ses épaules un havresac rempli de tout ce dont on pouvait avoir besoin, notre héros se mit en route, un fusil de chasse à la main, avec son nouvel ami Evan-Dhu. Leur suite se composait du garde-chasse dont on vient de parler, et de deux domestiques d’Evan, dont l’un portait sur son épaule une hache à long manche, nommé Lochaber-Axe[1], et l’autre une canardière. Evan, sur la remarque d’Édouard, lui dit que cet appareil militaire lui était tout à fait inutile pour sa sûreté, mais qu’il avait voulu, ajouta-t-il en ajustant son plaid avec dignité, se montrer à Tully-Veolan d’une manière convenable, et comme le devait le frère de lait de Vic-Jan-Vhor. « Je voudrais, dit-il, que vos Saxons duinhé-wassels, (gentilshommes anglais), vissent notre chef avec sa queue ! »

« Avec sa queue ! répéta Édouard d’un accent de surprise.

  1. Les gardes de la ville d’Édimbourg étaient encore, à une époque récente, armés de cette hache lorsqu’ils s’acquittaient de leurs fonctions. Il y avait au dos de la hache un crochet, dont les Highlandais se servaient pour gravir les murailles en renfonçant dans le faite et en s’élevant avec le manche. On pense que cette hache fut apportée en Angleterre par les Scandinaves. a. m.