Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/159

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se soit interposé entre vous et lui, et vous ait empêché de prendre en considération la vieille amitié et les alliances de vos deux maisons. Il désire que ce nuage se dissipe, que les relations se rétablissent entre le clan Ivor et la maison de Bradwardine, comme au temps où il n’y avait entre vous d’autre pierre qu’un œuf, et que vous n’aviez tous deux pour armes que le couteau de table. Il espère que vous direz comme lui, que ce nuage vous afflige, et que désormais personne ne demandera si le nuage est descendu de la montagne dans la vallée, ou s’il s’est élevé de la vallée à la montagne : celui qui est armé de l’épée ne frappe pas avec le fourreau ; et malheur à celui qui perd son ami par un nuage orageux d’une matinée de printemps ! »

Le baron répondit avec toute la dignité convenable, « qu’il connaissait le chef du clan Ivor pour un homme dévoué au roi, et qu’il était fâché qu’un nuage se fût jeté entre lui et un gentilhomme de principes aussi purs ; parce que, dit-il, lorsque les hommes se forment en société, bien faible est celui qui reste sans frère. »

Les deux parties étant satisfaites, pour solenniser convenablement la réconciliation entre les augustes personnages, le baron fit venir un flacon d’usquebaugh, et en remplit un verre qu’il but à la santé et à la prospérité de Mac-Ivor de Glennaquoich, marque de courtoisie à laquelle l’ambassadeur celtique s’empressa de répondre en remplissant aussi un verre de cette liqueur généreuse, et en le vidant avec tous les souhaits d’usage pour la famille Bradwardine.

Après avoir ratifié de part et d’autre les préliminaires généraux du traité de paix, l’envoyé se retira avec Mac Wheeble pour convenir de certains articles secondaires, dont on ne pensa pas qu’il fût nécessaire d’ennuyer le baron. Ces articles avaient probablement rapport à la cessation du tribut, et le bailli trouva sans doute le moyen d’arranger cela de manière à ne pas laisser penser à son maître que sa dignité fût compromise. Du moins, il est certain qu’après que les plénipotentiaires eurent bu une bouteille de brandy, qui ne fit pas plus d’effet sur ces deux individus, coutumiers du fait, qu’elle n’en aurait fait sur les deux ours de l’entrée de l’avenue, Evan-Dhu-Maccombich, que l’on avait instruit de tout ce qui concernait le vol de la nuit précédente, promit de faire retrouver les vaches, qui, suivant lui, ne devaient pas être loin. « Ils ont brisé l’os, ajouta-t-il, mais ils n’ont pas eu le temps de sucer la moelle. »