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été indignement violés par lesdits voleurs, maraudeurs et brigands, réunis en association pour lesdits vols, pillages, incendies, meurtres, raptus mulierum, enlèvement de femmes, et autres crimes mentionnés ci-dessus. »

Waverley croyait rêver en voyant que de pareils actes de violence étaient regardés comme une chose ordinaire ; qu’ils arrivaient journellement ; qu’il n’était pas besoin, pour en être témoin, de traverser les mers, qu’il suffisait d’être dans une partie du royaume de la Grande-Bretagne, si bien administré ailleurs[1].


CHAPITRE XVI.

VISITE INATTENDUE.


Le baron rentra à l’heure du dîner ; il avait presque entièrement repris sa tranquillité d’esprit et sa bonne humeur. Non seulement il confirma tous les détails qu’Édouard tenait de Rose et du bailli, mais même il raconta quelques anecdotes sur les montagnards, où lui-même avait joué un rôle. Il dit que les chefs étaient en général pleins d’honneur et d’une haute naissance, et que leur parole était une loi pour leur famille ou leur clan. Ils ont tort, dit-il, de prétendre toutefois, comme cela est dernièrement arrivé, que leur prosapia ou lignage, qui repose en grande partie sur les vaines et partiales chansons de leurs sennachies ou bardes, puisse être comparé à celui des nobles maisons des basses terres dont les titres reposent sur des chartes anciennes et des édits de divers rois d’Écosse. Telle est néanmoins leur outrecuidance et leur présomption, qu’ils estiment peu ceux qui possè-

  1. « Mac-Donald de Bucrisdale, un des derniers gentilshommes highlandais qui exercèrent en grand le pillage, était un homme instruit et de bonne compagnie. Il fit graver sur sa claymore ces vers bien connus :

    Hœ tibi erunt artes, pacisque imponere morem,
    Parcere subjectis, et debettare superbos

    À la vérité, la levée du black-mail, avant 1745, fut pratiquée par plusieurs chefs de haut rang, qui, en agissant ainsi, prétendaient qu’ils prêtaient le secours de leurs armes, et accordaient une protection qu’on aurait en vain demandée aux magistrats dans l’état de trouble du royaume. L’auteur a vu un mémoire de Macpherson de Cluny, chef de l’ancien clan de ce nom, d’après lequel il paraît que son black-mail s’élevait à une grande somme d’argent qui lui était payée volontairement par ses voisins, même les plus pauvres. Un gentilhomme de ce clan, entendant un ecclésiastique prêcher sur le vol, interrompit le prédicateur pour lui dire que pour donner du poids à ses doctrines il devait s’en rapporter à Cluny Macpheron, dont l’épée arrêterait le vol plutôt que les sermons de tous les ministres du synode. »

    Note de la nouvelle édition d’Édimbourg. a. m.