nie, et qu’il valait mieux envoyer un homme adroit dans les glens ou vallons, pour acheter au meilleur marché possible le bétail volé, afin que le laird ne parût en rien dans cette affaire. Édouard proposa de faire venir un détachement de la garnison la plus voisine, avec le warrant[1] d’un magistrat. Et Rose, d’une voix tremblante, chercha à faire comprendre que le parti le plus sage était de payer le black-mail[2] à Fergus Mac-Ivor Vich-Jan-Vohr, qui, comme on le savait, ne manquerait pas de faire restituer les vaches, si on se le rendait favorable.
Aucune de ces propositions ne plut au baron. Une composition directe ou indirecte lui semblait une chose complètement ignominieuse. L’avis de Waverley prouvait qu’il n’avait nulle connaissance de la position du pays et des dissensions politiques qui y régnaient. « Quant à ce qui concerne Fergus Mac-Ivor Vich-Jan-Vohr, je ne m’abaisserai pas, dit le baron, à lui faire la moindre concession, dût-il faire restituer in integrum tous les bœufs et toutes les vaches que lui, ses ancêtres et son clan, ont volés depuis Malcolm-Canmore. Au fait, il opinait pour la guerre, et dit qu’il fallait avertir Balmawhapple, Killancureit, Tulliellum et les autres lairds qui se trouvaient exposés aux mêmes déprédations. Ils joindront, dit-il, leurs forces aux nôtres pour poursuivre ces pillards, et alors, monsieur, ces nebulones nequissimi[3]. comme les appelle Leslie, éprouveront le sort de leur prédécesseur Cacus :
Elisos oculos et siccum sanguine guttur[4]
Le bailli, qui n’approuvait pas du tout cet avis belliqueux, tira
une montre énorme, de la couleur et presque de la grosseur
d’une bassinoire d’étain, fit observer qu’il était plus de midi,
qu’un peu après le lever du soleil on avait vu les Caterans dans
le défilé de Bally-Brough, et qu’avant qu’on eût pu rassembler
les coalisés, les voleurs et leur proie seraient au milieu de déserts
sans routes où il ne serait ni prudent ni possible de les
poursuivre.
Cette observation était trop juste pour qu’on pût y répondre. Le conseil se sépara sans avoir rien décidé, comme cela est par-