Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/152

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devant un gentilhomme pleurer la perte de quelques bœufs ou de quelques vaches, comme la fille d’un paysan du comté de Chester. Veuillez, capitaine Waverley, avoir une autre opinion de son affliction, qui ne peut et ne doit provenir que de voir les domaines de son père exposés au pillage de ces misérables brigands, quand nous n’avons pas une dizaine de mousquets pour nous défendre et les repousser. »

Le bailli Mac Wheeble entra peu d’instants après, et par le rapport qu’il fit sur les armes et munitions, confirma ce que venait de dire le baron, et lui exposa d’une voix triste que, quoique les gens du pays fussent disposés à suivre ses ordres, il ne fallait pas fonder sur eux beaucoup d’espérance, vu qu’il n’y avait que les domestiques de son honneur qui eussent des épées et des pistolets, et que les pillards, au nombre de douze, étaient complètement armés, selon l’usage de leurs montagnes. Après ces pénibles observations, il prit une attitude de douleur silencieuse, branlant d’abord la tête avec le mouvement lent d’un pendule près de cesser de vibrer, puis il resta entièrement immobile, et courbé de manière à former avec son corps un arc plus rétréci qu’à l’ordinaire.

Le baron, cependant, se promenait dans l’appartement, dans une muette indignation ; et jetant enfin ses regards sur un vieux portrait représentant un homme armé de toutes pièces, dont la figure était presque cachée par une forêt de cheveux noirs et une barbe épaisse qui descendaient sur ses épaules et sur sa poitrine : « Voilà mon grand-père, capitaine Waverley ; avec deux cents chevaux qu’il avait levés sur ses domaines, il défit et mit en déroute plus de cinq cents de ces voleurs des montagnes, qui ont toujours été lapis offensionis et petra scandali, le caillou d’offense et la pierre de scandale pour les habitants des plaines voisines. Il les défit, dis-je, lorsqu’ils eurent l’audace de venir ravager ce pays, au temps des guerres civiles, en l’an de grâce 1682. Et c’est moi, monsieur, son petit-fils, que l’on outrage de cette manière ! »

Après quelques instants d’un silence imposant, chacun, comme cela se fait dans les circonstances graves, se mit à donner son avis. Alexander ab Alexandro proposa d’envoyer quelqu’un pour composer avec les Caterans, qui s’empresseraient, disait-il, de rendre les vaches à un dollar par tête. Le bailli dit qu’il pensait que cette transaction serait un thistboot, ou composition de félo-