Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/110

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Alors que de sa forte voix
Il appelait, sans que personne
Répondît au sein monotone
De murs si bruyants autrefois.


Notre héros espérant presque rencontrer quelque octogénaire à barbe blanche comme la neige, qu’il pût interroger sur ce manoir abandonné, s’avança vers un petit guichet de bois de chêne, entouré de clous, de pointes de fer, et placé dans le mur de la cour à l’angle qu’il formait avec la maison. Cette porte, nonobstant son apparence de fortification, n’était fermée qu’avec un loquet ; Waverley le baissa, et entra dans un jardin d’un aspect agréable[1]. La façade méridionale de la maison, garnie d’arbres fruitiers et espaliers et de plusieurs arbres toujours verts, s’étendait, irrégulière et vénérable, le long d’une terrasse en partie pavée, en partie sablée, en partie ornée de fleurs et d’arbustes rares ; de là on descendait par trois escaliers à rampes, dont l’un était au milieu et les deux autres aux extrémités, dans le jardin proprement dit ; cette terrasse était garnie d’un parapet de pierre avec une lourde balustrade ornée de place en place de grotesques images d’animaux accroupis, parmi lesquels l’ours favori était souvent reproduit. Au milieu de la terrasse, entre une porte à châssis de la maison et l’escalier du milieu, un énorme animal de cette espèce supportait sur sa tête et ses pattes de devant un grand cadran circulaire, sur lequel étaient gravées plus de figures de mathématiques que les connaissances d’Édouard ne lui permettaient d’en déchiffrer. Le jardin, qui paraissait fort soigné, était rempli d’arbres fruitiers, et présentait une grande quantité de fleurs et d’arbrisseaux toujours verts, taillés en formes bizarres ; il se composait de plusieurs terrasses qui descendaient en amphithéâtre du mur de l’ouest à un large ruisseau à l’eau calme et limpide, qui servait à clore le jardin, et qui, à l’extrémité, passait avec bruit sur une forte écluse, cause de sa tranquillité momentanée, et formait là une cascade près d’un pavillon octogone surmonté d’un ours de tôle dorée pour girouette ; le ruisseau, reprenant ensuite son cours naturel et libre, échappait à l’œil en se précipitant dans un vallon boisé et profond, sur le penchant duquel s’élevait une massive tour en ruine, première habitation

  1. À Ravelston, on peut voir un jardin que le propriétaire, chevalier, maréchal, parent et ami de l’auteur, a eu le bon esprit de ne pas détruire. Le jardin et la maison étaient toutefois de moindre étendue que le jardin et la maison du baron de Bradwardine. a. m.