Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/105

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partie dans ce concert, en suivant les chevaux avec des glapissements, des aboiements et des hurlements. Ce désagrément était alors si commun en Écosse, qu’un voyageur français qui, comme la plupart des voyageurs, se demandait la cause vraie et raisonnable de tout ce qu’il voyait, a mentionné, parmi les choses remarquables de la Calédonie, que l’État entretenait dans chaque village un relais de chiens appelés collies, employés à chasser les chevaux de poste (si maigres et si fatigués, qu’ils ne marchaient pas sans être ainsi stimulés) d’un hameau à un autre, jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés à leur destination.

Le mal et le remède existent encore ; mais cette digression nous écarte de notre histoire, et je ne me la suis permise que pour les collecteurs de l’impôt établi sur les chiens d’après le dogbill de M. Dent.

Waverley en passant trouvait çà et là un vieillard courbé par le travail et les années, aux yeux affaiblis par l’âge et la fumée, se traînant avec peine à la porte de sa hutte pour regarder avec étonnement les vêtements brillants et les beaux chevaux de l’étranger, et qui se réunissait à ses voisins dans l’atelier du maréchal, où ils se demandaient d’où pouvait venir et où pouvait aller le voyageur.

Trois ou quatre jeunes villageoises, revenant du puits ou du ruisseau, avec leurs cruches et leurs seaux sur la tête, offraient un aspect plus agréable. Avec leurs jupes courtes et légères, avec leurs bras, leurs jambes et leurs pieds nus, leur tête découverte et leurs cheveux tombant en tresses, elles rappelaient ces jeunes filles qui animent les paysages italiens. Un amateur de peinture eût été peut-être embarrassé de décider qui méritait la préférence, tant pour le vêtement que pour la beauté ; quoique, à dire vrai, un franc Anglais, à la recherche du comfortable, mot particulier à la langue de son pays, eût désiré que leurs vêtements fussent moins rares, que leurs pieds et leurs jambes fussent plus à l’abri de l’air, que leur tête et leur teint ne fussent pas si exposés aux rayons du soleil, ou peut-être même il eût pensé que les personnes et les vêtements eussent considérablement gagné à une abondante application d’eau de fontaine avec un quantum sufficit de savon.

L’ensemble de cette scène faisait peine, parce qu’elle accusait au premier coup d’œil la stagnation de l’industrie, et peut-être de l’intelligence. La curiosité même, la plus grande passion de