Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/262

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Il s’arrêta et parut hésiter à continuer. Éveline prit la parole : Quand vous apprîtes mon danger, dit-elle, j’aurais préféré que vous apprissiez ma mort !

— En vérité, noble dame, » dit le page les yeux baissés, « sans cette puissante saison, rien n’aurait pu décider mon maître à arrêter sa troupe pour en emmener la plus grande partie dans les montagnes du pays de Galles, quand le malheur de son compatriote et les ordres du lieutenant du roi exigeaient si impérieusement sa présence ailleurs.

— Je le savais, s’écria Éveline ; je savais que j’étais née pour causer sa perte ! Cependant il me semble que ceci surpasse tout ce que j’avais pu imaginer. Je craignais de causer sa mort, mais non son déshonneur. Pour l’amour de Dieu, jeune Amelot, fais ce que tu pourras et le plus vite possible ! Monte à cheval et réunis à tes hommes ceux des miens que tu pourras rassembler. Pars, mon brave jeune homme, déploie la bannière de ton maître, et fais voir que sa force et son cœur vous accompagnent, quoique son corps soit absent. Hâte-toi, hâte-toi, car le temps est précieux.

— Mais la sûreté de ce château, mais la vôtre ? dit le page. Dieu sait combien je suis disposé à faire tout ce qui pourrait sauver son honneur, mais je connais le caractère de mon maître, et s’il vous arrivait quelque malheur après mon départ de Garde-Douloureuse, quand j’aurais sauvé ses biens, sa vie et son honneur, je crois que je recevrais plutôt la pointe de son poignard que ses remercîments et sa récompense.

— Va, quoi qu’il en soit, cher Amelot, dit-elle, rassemble tous les hommes que tu pourras, et pars.

— Vous faites sentir l’éperon à un cheval plein de feu, madame, » dit le page en se levant subitement ; « et dans l’état où est mon maître, je ne vois rien de mieux à faire que de déployer sa bannière devant ces rustres.

— Aux armes, donc ! » dit Éveline avec empressement, « aux armes et gagne tes éperons ! Apporte-moi la certitude que l’honneur de ton maître est en sûreté, et je te les attacherai moi-même. Tiens, prends ce saint rosaire ; attache-le à ton cimier, et à l’heure du combat confie-toi en la Vierge de Garde-Douloureuse, qui n’a jamais abandonné un de ses serviteurs. »

Elle eut à peine achevé qu’Amelot s’éloigna rapidement ; et, rassemblant tous les soldats qu’il put trouver, tant de ceux de la