Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/196

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droit de compter sur sa protection pour celle que malheureusement je laisse ici.

Tandis qu’il était plongé dans ses réflexions, il entendit les gardes placés à l’entrée de sa tente parler haut à quelqu’un qui en approchait. La personne s’arrêta, et bientôt après on entendit le son d’une rote (espèce de luth), dont les cordes vibraient au moyen d’une petite roue. Après avoir préludé, une voix mâle, de bonne étendue, chanta des vers, qui, traduits en langue moderne, exprimeraient à peu près ce qui suit :


chant guerrier.

Debout, soldats, le jour commence à naître ;
Jamais l’honneur ne vient dans le sommeil ;
Jamais avant que les feux du soleil
Soient réfléchis sur l’asile champêtre :
C’est quand ils sont renvoyés par l’airain,
La hache d’arme, et la jaque et la lance.
Que ces rayons permettent au burin
D’éterniser la gloire et la vaillance.
Le bouclier, effroi du Sarrasin,
Sera toujours le miroir du matin.

Aux armes ! L’aube à son lourd attelage
A rappelé le pesant laboureur,
A rappelé le faucon sur la plage
Et dans les bois l’intrépide chasseur.
Le jeune élève exerçant sa mémoire,
Rêve déjà sur ses livres poudreux.
Debout, soldat ! ta moisson, c’est la gloire ;
Tes soins, de vaincre ; et la guerre tes jeux.
Va répétant, tout fier de la victoire :
Le bouclier, effroi du Sarrasin,
Sera toujours le miroir du matin.

Le pâtre vit d’un modique salaire ;
Un gain plus mince est le gain du chasseur ;
Plus vain sans doute est le triste labeur
Du sec élève, amant d’une chimère :
Et cependant chacun d’eux est debout
Depuis l’aspect de la nouvelle aurore,
Et vers son but bien plus tenace encore
Que le guerrier, dont la gloire est partout.
Lève-toi donc, et saisis la claymore.
Et que toujours ton armure d’airain
Soit le miroir éclatant du matin.

Quand la chanson fut achevée, le connétable entendit parler dehors, et bientôt Philippe Guarine entra dans le pavillon le prévenir que quelqu’un, venu, disait-il, d’après le consentement du connétable, attendait la permission d’entrer.

« D’après mon consentement ! dit de Lacy ; qu’il vienne. »