Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux ambitieux, car par cet accident les descendants d’Alexandre III à qui la couronne était échue en 1284, furent complètement éteints, et le sceptre put dès lors être réclamé par quiconque prouverait avoir une parenté collatérale, même éloignée, avec l’ex-famille régnante d’Écosse.

Aussi beaucoup de prétentions au trône s’élevèrent-elles ; mais les principales furent celles de deux grands seigneurs d’extraction normande, Robert Bruce et Jean Baliol. Le premier était seigneur de Galloway ; le second, d’Annandale en Écosse. Voici quels étaient leurs titres à l’héritage royal.

Guillaume-le-Lion avait un frère, nommé David, et créé comte d’Huntingdon, qui laissa trois filles, dont la première, Marguerite, épousa Allan, seigneur de Galloway ; la seconde, Isabelle, Robert Bruce ; et la troisième, Ada, Henri Hastings. Jean Baliol réclama donc la couronne comme fils de Devergoil, fille de Marguerite, elle-même fille aînée de David ; et Bruce, d’autre part, comme fils d’Isabelle, la deuxième fille, prétendant qu’il était ainsi, d’une génération, plus près du comte David, à qui les deux compétiteurs rapportaient leur parenté. Il s’agissait simplement de savoir si le droit de succession auquel David d’Huntingdon aurait pu prétendre de son vivant, passait à son petit-fils Baliol, ou devait être regardé comme passant à Bruce, qui, quoique fils de la plus jeune sœur, était éloigné d’un degré au moins de la personne dont il se réclamait. Effectivement, il n’était, lui, que petit-fils du comte David, leur aïeul commun, tandis que Baliol en était l’arrière-petit-fils.

De modernes jurisconsultes auraient sur-le-champ prononcé en faveur de Baliol ; mais la nature précise du droit de représentation en matière d’héritage n’avait pas été alors fixée en Écosse.

Les deux barons résolurent d’appuyer leurs titres par la force des armes. Beaucoup d’autres réclamations, plus ou moins spécieuses, furent mises en avant. Le royaume se divisa et subdivisa en factions ; et Édouard Ier prévit qu’à la faveur des troubles de la guerre civile qui menaçait d’éclater, viendrait le moment où il pourrait recourir à cette prétention de suprématie qui avait si obstinément été reproduite par les monarques d’Angleterre, mais toujours tant combattue par ceux d’Écosse, comme à un moyen d’établir définitivement son autorité dans ce royaume. Il confia l’étendue de son ambitieux et inique dessein à ses plus intimes