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CHAPITRE VI.


Projets d’Édouard Ier. — Mort de la pucelle de Norwège. — Jean Baliol : sa guerre contre l’Angleterre ; sa défaite à Dunbar ; son renversement du trône.


Par le décès prématuré d’Alexandre III, la pucelle de Norwège, sa petite-fille, demeura seule et incontestable héritière du trône. Édouard Ier d’Angleterre, proche parent de l’orpheline, forma aussitôt le projet d’étendre sa royale autorité sur le nord de la Bretagne, par un mariage entre cette jeune princesse et son unique fils, Édouard, prince de Galles. Les barons d’Écosse ne montrèrent pas d’aversion pour cette alliance, mode le plus naturel peut-être d’unir deux royaumes que la nature avait joints, quoique de malheureux événements les eussent séparés. Les grands nobles de ce pays, nous l’avons vu, étaient Normands, aussi bien que les seigneurs anglais ; beaucoup d’entre eux possédaient des terres dans les deux états ; c’est pourquoi l’idée de s’allier à l’Angleterre ne fut pas si impopulaire alors qu’elle le devint ensuite, quand de longues et sanglantes guerres eurent rendu les deux nations irréconciliables ennemies. Toutefois, les Écossais prirent les plus rigoureuses précautions pour que tous les droits et privilèges d’Écosse, comme royaume distinct, fussent maintenus et garantis ; pour que les Écossais de naissance ne fussent jamais appelés à répondre en Angleterre d’actions faites par eux dans leur propre pays ; pour que les archives nationales ne sortissent pas du royaume, et qu’aucune contribution pécuniaire, aucune levée de troupes, ne pussent être demandées hors des cas voulus par les anciennes coutumes. Ces préliminaires furent réglés entre le roi Édouard et une assemblée des états écossais qui eut lieu à Birgham en juillet 1290. Édouard promit tout, et même jura d’exécuter ce qu’il promettait ; mais il demanda d’une manière si pressante à être mis en possession de tous les châteaux écossais, que les membres de l’assemblée s’en alarmèrent et crurent avoir lieu de douter que le roi fît grand cas de son serment et de sa promesse.

Sur ces entrefaites, Marguerite, la jeune héritière, mourut tandis qu’elle revenait en Écosse. Alors une nouvelle carrière s’ouvrit