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lois, qui peu à peu s’étendirent aux autres races par lesquelles l’Écosse était habitée.

Les avantages qui résultèrent du concours et de l’influence de ces émigrants fit sans doute faire un pas immense à la civilisation écossaise ; mais l’effet immédiat du bon accueil qu’ils reçurent tendit à désunir l’état. En effet, il créa dans ces superbes étrangers une catégorie de gens qui n’eurent rien de commun avec les tribus celtiques, et s’en regardèrent comme une race entièrement distincte, lorsque déjà celles-ci avaient et des intérêts hostiles et des coutumes contradictoires. La jalousie de toutes ces races séparées se montra dans le conseil de guerre qui précéda la bataille de l’Étendard, où Bruce, parlant de lui-même et de ses compagnons, et soutenant qu’ils étaient tous non pas des Anglais ou des Écossais, mais des barons normands, reprochait à David de préférer aux qualités chevaleresques d’une race qui lui avait rendu tant de services, la férocité sauvage et la foi incertaine des tribus écossaises ; tandis que, de l’autre côté, Malise, comte de Stratherne, se plaignait au même monarque de ce qu’il plaçât plus de confiance dans les cottes de mailles et dans les lances d’étrangers Normands, que dans l’intrépide courage de ses soldats indigènes.

Ce pêle-mêle donnait un air de confusion, et par suite d’incohérence aux habitants d’Écosse d’alors. Ils semblaient moins former un seul état qu’une confédération de tribus différant d’origine. Ainsi, les chartes du roi David et de ses successeurs sont adressées à tous ses sujets, Français et Anglais, Écossais et Galwégiens. Les usages cependant et les préjugés de tant de peuples qui se mêlaient furent corrigés ou neutralisés les uns par les autres ; et ce mélange moral de nations finit avec le temps, comme quelque mixtion chimique, par fermenter et devenir ensuite plus pur. À ce résultat aidèrent de tous leurs efforts, avec les meilleures intentions, quoique peut-être trop précipitamment et d’une manière par conséquent peu judicieuse, les rois écossais, qui, de Malcolm Cean-Morh à Alexandre III, paraissent avoir été la dynastie des plus parfaits monarques aux mains desquels échut jamais le sceptre sur un peuple encore grossier. Ils mirent autant de prudence à mûrir leurs projets qu’ils eurent de bonheur à les exécuter ; et les exceptions qu’occasionèrent la mort de Malcolm III et la captivité de Guillaume ne peuvent être imputées qu’a une témérité chevaleresque, défaut du temps. Ils se montrè-