Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/55

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il était sacré avant que le roi qu’il remplacerait un jour fût mort, mais avec moitié moins de cérémonie, car on ne lui permettait de mettre qu’un pied sur la fameuse pierre qui servait au couronnement. Le monarque avait peu d’autorité sur les différentes tribus dont le royaume se composait, sauf les temps de guerre. Mais, en guerre, le pouvoir royal devenait absolu ; et la guerre, soit étrangère, soit civile, était l’état habituel du peuple. Cette constitution, que Malcolm fonda, est encore aujourd’hui celle de Perse.

Tel était le gouvernement des Scots quand les Pictes, perdant leur nom et une existence propre, se confondirent dans ce peuple. Il ne paraît pas qu’il y eût aucune différence matérielle entre la forme du gouvernement picte et celui de leurs conquérants mêmes ; pareille analogie se retrouve chez toutes les autres nations qui vinrent composer le royaume d’Écosse, si on en excepte le Lothian. Le Galloway était indubitablement sous la domination de chefs patriarcaux, et formait divers clans, comme nous l’indiquent les noms patronymiques qui se sont conservés jusqu’à ce jour, Mac Dougal, Mac Culloch, Mac Kie, ainsi que beaucoup d’autres qui, à coup sûr, ne sont pas de dérivation highlandaise, et remontent à une grande antiquité. Le Strath-Clyde était sans doute gouverné de même ; du moins, le système des clans celtiques prévalut dans le sud et dans l’est du district frontière jusqu’à la réunion des couronnes ; et comme, si on l’avait abandonné une fois, un tel mode de gouverner n’aurait pu être rétabli facilement, nous sommes autorisés à croire qu’il y était resté en vigueur depuis la chute de la dynastie bretonne. Voici encore une autre raison qui le prouve ; c’est qu’un tel système de clans et l’exercice d’une telle autorité patriarcale convenaient merveilleusement à une contrée guerrière et sans lois, car ils rendaient aussi aisées et aussi simples que possible, et la décision des disputes et la conduite des habitants à la guerre. Les hommes du clan se soumettaient pendant la paix aux sentences du chef ; ils suivaient sa bannière dans le combat ; ils l’aidaient de leurs avis dans le conseil, et rien ne manquait au gouvernement de la tribu. La nature d’un pays limitrophe l’exposait particulièrement à des attaques soudaines ; aussi cette puissance absolue dont les premiers chefs bretons furent investis, ne se continua-t-elle intacte si long-temps chez leurs successeurs, que sans doute parce qu’elle satisfaisait aux exigences de sa position géographique. Mais quoi-