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nitive ni d’un côté ni de l’autre. Le jeune roi écossais montra, dès son enfance même, beaucoup de jugement et une grande fermeté de caractère. Il visita maintes fois la cour de son beau-père qu’il chérissait comme ami et honorait comme parent, mais toujours, pendant ces visites, témoigna une immuable et glorieuse détermination de ne traiter nulle affaire d’état. Dans la crainte de compromettre l’honneur ou les intérêts du royaume, il alléguait ne pouvoir rien faire sans l’avis de son conseil national. C’est ainsi que la paix fut maintenue, l’indépendance de l’Écosse garantie de surprise, et toute possibilité de prendre avantage de la jeunesse et de l’inexpérience d’Alexandre complètement écartée. Ce fut pendant un de ces voyages que la reine Marguerite accoucha d’une fille à qui on donna le nom de sa mère. Il paraît que quelques-unes de ces visites furent faites par Alexandre dans le but d’obtenir le paiement de la dot promise à sa femme, mais le trésor de Henri était si pauvre à cette époque, que cinq cents marcs l’épuisèrent, et que le roi d’Angleterre fut obligé de prendre des époques plus distantes pour payer le reste de la somme, dont il demeura dû les deux tiers.

Alexandre III était alors un jeune homme de vingt-deux ans, fort capable de commander une armée. Ce fut heureux, car une terrible invasion le menaçait. Cette attaque vint du roi de Norwège Hacon. Ce prince belliqueux avait rassemblé un grand nombre de navires et de soldats avec la détermination de s’établir dans les Hébrides, qui peu à peu avaient succombé sous les efforts du présent roi d’Écosse ; car, continuant le système que son père avait suivi, il poussait sans cesse les seigneurs insulaires à se séparer de la Norwège et à mettre leurs îles sous la dépendance de l’Écosse. Des milliers de ces mêmes guerriers du nord dont le courage s’était si terriblement signalé le long de toutes les côtes de l’Europe montèrent sur la flotte de Hacon, que l’on réputa l’armement le plus formidable qui fût jamais sorti des ports norwégiens.

Le roi norse, avec cette puissante armée, pénétra dans la baie de Largs, proche l’embouchure de la Clyde, et tenta de débarquer. Mais il éclata une tempête qui rendit le débarquement partiel, difficile, périlleux. D’ailleurs les forces écossaises étaient sur pied et prêtes. Les Norwégiens persistèrent dans leur tentative, et Alexandre avec ses soldats fit de semblables efforts pour les repousser. Les historiens de Norwège ne nient pas que leurs compatriotes n’aient beaucoup souffert par l’épée de l’ennemi,