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frère du roi Guillaume, David, comte de Huntingdon, et beaucoup de nobles Écossais furent livrés comme otages dans le même but. Hommage pour toute l’Écosse fut réellement rendu dans la ville d’York, d’après la stipulation du traité, et alors le roi redevint libre.

Guillaume avait sacrifié l’indépendance de sa couronne à un désir maladroit de recouvrer promptement sa liberté personnelle ; mais il défendit avec plus de cœur les franchises religieuses de son peuple. Dans une élection bien débattue à l’épiscopat de Saint-André, il s’opposa avec force et constance à la nomination de Jean, dit l’Écossais, dont le pape Alexandre III appuyait la candidature. Le royaume d’Écosse fut mis, il est vrai, en interdit ; mais Guillaume ne s’en émut pas, et un nouveau pape, voulant arranger l’affaire, céda à la volonté du roi, puis retira l’excommunication. En 1188, le pape Clément III ratifia formellement les privilèges de l’église d’Écosse, comme fille et immédiate sujette de Rome ; il déclara même qu’aucune bulle d’excommunication ne pourrait y être lancée que par Sa Sainteté en personne ou par son légat à latere, lequel serait toujours un Écossais ou un député spécial pris entre les membres du sacré collège. Tels furent les principaux faits du règne de Guillaume depuis sa mise en liberté jusqu’à la mort de Henri II d’Angleterre, pour ne pas parler de quelques événements déplorables qui eurent lieu en Galloway, et dénotent combien la barbarie des habitants y était alors complète.

Les châteaux frontières de Roxburgh et de Berwick demeuraient encore en la possession des Anglais à la mort de Henri II. Lorsque son fils Richard-Cœur-de-Lion monta sur le trône, il se conclut entre les deux rois et les deux peuples un traité remarquable par lequel Richard, à la suite d’une entrevue personnelle qu’il eut à Cantorbéry avec Guillaume, renonça à tout droit de supériorité et d’hommage qu’on avait extorqué de celui-ci pendant sa captivité, et rétablit les limites de leurs royaumes respectifs telles qu’elles étaient lors de son infortune ; il réserva seulement à l’Angleterre un hommage tel que Malcolm, frère aîné de Guillaume, l’avait rendu, ou était tenu de le rendre, et ainsi replaça tout-à-fait l’Écosse dans la situation d’indépendance nationale que le traité de Falaise lui avait ravie. Toute dette d’hommage envers l’Angleterre, qui préexistait à cette renonciation, fut soigneusement réservée, de sorte que Guillaume se trouva