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rendît hommage tant pour l’Écosse que pour tous ses autres territoires. Avant ce honteux traité, qu’on signa le 4 décembre 1174, à Falaise en Normandie, les rois d’Angleterre n’avaient pas l’ombre du droit d’exiger hommage pour un seul prince de terre écossaise, excepté pour le Lothian qui, comme nous l’avons répété tant de fois, fut cédé à Malcolm II par octroi du comte northumhrien Eadulf. Toutes les autres provinces, composant ce qu’on appelle aujourd’hui l’Écosse, étaient arrivées à la couronne de ce royaume par droit de conquête, sans avoir été dépendantes de l’Angleterre sous aucun point de vue. Les territoires des Pictes avaient été réunis à ceux des Scots par les victoires de Kenneth Macalpin. Le Moray était revenu à l’Écosse par le succès de Malcolm II à repousser les Danois. Le Galloway avait aussi été réduit sous le sceptre écossais sans l’aide ni l’intervention de l’Angleterre, et le Strath-Clyde fut subjugué avec des circonstances analogues. Une dépendance féodale n’aurait pu être établie que par une cession de terres qui eussent été originairement anglaises, ou par la restitution de districts qui eussent été conquis sur l’Écosse. Mais l’Angleterre n’avait aucun titre à ce qu’hommage lui fût rendu pour des provinces qu’elle ne pouvait ni céder, puisqu’elle ne les posséda jamais, ni rendre puisqu’elle n’en fit jamais la conquête.

Dès lors, cependant, aux termes du traité de Falaise, le roi d’Angleterre fut déclaré seigneur souverain de tout le royaume d’Écosse ; exemple déplorable de cette impatience qui trop souvent caractérisa les conseils écossais !

Il fut fait à la même époque une tentative pour soumettre l’église d’Écosse à celle d’Angleterre, au moyen d’une clause qui, dans le même traité, déclarait que la première serait tenue envers la seconde à cette soumission qui avait toujours été due et accordée autrefois, et que l’église anglaise jouirait de la suprématie qu’elle devait posséder en bonne justice. Les prélats écossais expliquèrent cet article, lequel fut rédigé à dessein en termes ambigus, comme laissant toute la question entière, car ils prétendirent qu’aucune suprématie n’avait jadis existé de fait, et qu’en droit rien de pareil n’était dû. Mais on rédigea avec plus de soin l’article concernant la soumission civile ; et les principales forteresses du royaume, Roxburgh, Berwick, Sedbourh, Édimbourg et Sterling, furent mises entre les mains de Henri, comme gages de l’exécution du traité de Falaise, tandis que le