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furie nouvelle lorsque le bruit courut dans les deux armées que David avait péri. En vain le roi courut-il sans casque à travers les rangs ; en vain supplia-t-il les soldats de se rassurer et de demeurer près de lui. L’ordre ne put se rétablir, et on finit par entraîner de force David loin du théâtre de l’action pour sauver du moins sa personne. Il profita de la honte des Galwégiens pour introduire quelque humanité dans ses bataillons de barbares et serrer davantage les rênes de la discipline.

On voit par tout ce récit, que la bataille de Cuton-Moor ou Northallerton fut non-seulement bien disputée, mais encore douteuse quelque temps ; et quoique ses conséquences immédiates semblent moins importantes, les effets éloignés de la victoire tournèrent certes à l’avantage des Anglais. David, victorieux à Cuton-Moor, se serait assuré à lui-même et à ses descendants le nord de l’Angleterre jusqu’au Trent et à l’Humber peut-être ; quant à la prépondérance que cette possession aurait donnée aux monarques écossais dans les guerres qui suivirent, on ne peut s’en former une idée que par conjecture, ou plutôt elle aurait dépendu du caractère et des talents des successeurs de David.

Même parmi tout l’orgueil du succès, Étienne consentit, par amour de la paix, à livrer entièrement au prince Henri d’Écosse le comté de Northumberland, à l’exception des seuls châteaux de Newcastle et de Bamborough, mais qui suffisaient pour que les rois d’Angleterre pussent dans une occasion favorable reconquérir la totalité de la province. Après cette paix de Durham, comme on l’appela, David paraît s’être rendu à Londres en 1141 pour partager le court triomphe de sa nièce Mathilde. Mais ce fut une visite de parent et d’ami, non celle d’un allié. Le roi d’Écosse trouva la reine d’Angleterre mal disposée à entendre les avis de calme et de modération qu’il donnait par expérience, et revint mécontent dans son pays, abandonnant sa nièce à son propre destin.

En 1152, l’Écosse perdit un trésor dans la personne de l’inestimable prince Henri. Il mourut, laissant trois fils et autant de filles qu’Ada, sa femme, Anglaise de distinction, lui avait donnés. — L’année suivante, le vénérable David alla rejoindre son fils. Après avoir accompli tous ses devoirs d’homme et de roi, et arrangé ses affaires aussi bien que l’extrême jeunesse de ses petits-enfants le permettait, on le trouva mort dans une attitude de dévotion le 24 mai 1153.

L’excessive libéralité envers l’église qui valut à David d’être