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former l’avant-garde, quoiqu’il ne soit pas facile de deviner quel titre ils alléguèrent à l’appui d’une telle prétention. « D’où vient tant de confiance, s’écria un chef celtique, Malise, comte de Stratherne, à ces gens que des côtes de mailles recouvrent ? je n’en ai pas, moi ; demain, cependant, je m’avancerai plus loin que ceux qui sont couverts d’acier. » Alan de Percy, frère naturel du grand baron de ce nom, et partisan de David, réplique que Malise en disait plus qu’il n’oserait en faire. David intervint pour terminer la dispute, et donna, quoiqu’à contre-cœur, satisfaction aux Galwégiens.

Le 22 août 1138, jour marqué par le destin, les ennemis, au lever du soleil, se rangèrent en bataille. Les Anglais formaient un corps compacte, avec leur cavalerie par derrière. Les Écossais avaient trois lignes. La première se composait des Galwégiens, commandés par leurs chefs Ulrick et Dovenald. À la seconde, dont le commandement était confié au prince Henri fils de David, se trouvaient les gens d’armes et les archers avec les soldats du Cumberland et du Teviotdale, les uns et les autres d’ancienne origine bretonne. Les indigènes du Lothian et des Hébrides, étaient placés à la troisième, et une réserve qui consistait en une élite d’Anglais et de Normands, jointe aux Scots proprement appelés ainsi et aux hommes du Moray qui, la plupart, descendaient des Scandinaves, complétaient l’ordre de bataille. Ce fut à la tête de cette réserve que David se plaça.

Les Anglais, cependant, recevaient la bénédiction du vieux Thursten par l’entremise de son délégué l’évêque titulaire des Orcades, et se juraient entre eux de vaincre ou de mourir. Bientôt les Galwégiens se précipitèrent avec un affreux cri de : Albanigh ! albanigh[1] ! et ébranlèrent la phalange des lanciers sur lesquels ils se ruèrent avec une incroyable furie. Mais les rudes et continuelles décharges des archers anglais n’étaient pas soutenables pour des hommes nus, et les Galwégiens allaient lâcher pied quand le prince Henri survint au pas de course avec les gens d’armes Scots et dispersa « comme une toile d’araignée » la partie de l’armée anglaise à laquelle il eut affaire. Les Galwégiens s’étaient ralliés peu à peu, et la bataille recommençait avec une

  1. Ils voulaient proclamer ainsi qu’ils descendaient des anciens habitants de l’Écosse autrefois nommée Albyn ou Albania. Lorsqu’ils furent repoussés, les Anglais leur crièrent par dérision : Eyrich ! Eyrich ! c’est-à-dire : « Irlandais ! irlandais ! » ce qui, au fait, devait être vrai pour cette partie des Galwégiens appelés les sauvages Scots de Galloway, qui indubitablement sont Scots-Irlandais. w. s.