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un caractère saint à la guerre, et fut d’autant plus convenable, que la lutte avait lieu contre les Galwégiens, peuple barbare, aussi sacrilège que sanguinaire et inhumain. Ce fut avec ces démonstrations moitié religieuses et moitié guerrières que les barons s’avancèrent sur Northallerton.

David s’était dirigé vers le même point, et non sans obtenir d’importants succès. Un Guillaume, fils de ce Duncan, frère naturel de David, qui avait expulsé Donald-Bane du trône écossais, en 1094, était un des principaux capitaines de l’armée de son oncle. Il parait avoir été un chef de talent militaire, et fut employé par David à commander ces Galwégiens mentionnés si souvent. En cette occasion, il conduisit un nombreux corps de ces guerriers sauvages dans le Lancashire et défit une forte armée anglaise en un lieu appelé Clitherow, près des sources de la Ribble. De là, Guillaume Mac-Duncan mena ses troupes, chargées qu’elles étaient de butin et enflammées d’un surcroît de présomption, rejoindre le roi David à Northallerton.

Ainsi renforcé, David se porta en avant avec une telle promptitude, que peu s’en fallut qu’il ne surprît à l’improviste l’armée anglaise campée à Cuton-Moor. Robert de Bruce, vieux baron normand, qui connaissait intimement le roi, et qui, comme beaucoup d’autres, possédait des terres dans les deux royaumes, fut envoyé du camp des Anglais pour négocier avec David, du moins pour gagner du temps. Ce vénérable guerrier représenta au roi combien il y avait de maladresse et d’ingratitude à opprimer les Anglais et les Normands, dont les armes avaient si souvent défendu le trône écossais. Il lui reprocha les atrocités, également indignes de chevaliers et de chrétiens, que ses soldats commettaient, et finissant par rendre à David les terres qu’il tenait de lui, pour renier tout hommage à sa couronne, il se déclara son ennemi. Bernard de Baliol, baron d’Yorkshire, en des circonstances toutes semblables, fit une pareille renonciation et porta un pareil défi. Bruce et le roi pleurèrent en se quittant. Guillaume, le fils de Duncan, appela Bruce un faux traître.

Une autre scène caractéristique eut lieu dans un conseil de guerre tenu le même soir au camp écossais pour arrêter les dispositions de la bataille du lendemain. Le roi voulait que les archers et les hommes d’armes, seules troupes régulières de son armée, engageassent l’action. Mais les Galwégiens, que leur récente victoire rendait présomptueux, réclamèrent le privilège de