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son règne est principalement remarquable par la lutte énergique qu’il soutint pour défendre l’indépendance de l’Église écossaise. Il l’eut à soutenir contre les archevêques de Cantorbéry et d’York, qui chacun réclamaient une supériorité spirituelle sur l’Écosse, et le droit de consacrer l’archevêque de Saint-André, primat de ce royaume. Malgré l’hostile intervention du pape, Alexandre, avec une adresse inouïe, parvint à rendre contradictoires l’une à l’autre les prétentions des deux archevêques anglais, et s’évita ainsi d’en satisfaire aucun. Quant au caractère personnel d’Alexandre, nous n’en pouvons juger que par l’épithète de farouche ou violent qu’on lui donna et qui probablement s’appliquait à son naturel et à ses manières, puisque certes son règne fut pacifique. Il mourut en 1124.

Alexandre eut pour successeur David Ier, le plus jeune des fils de Malcolm, Cean-Morh, monarque plein de talent. Il était libre de l’ignorante barbarie de ses compatriotes, car il avait été pendant sa jeunesse élevé à la cour de Henri Ier, le célèbre Beauclerc, mari de sa sœur. David était entré dans les vues de ce sage souverain touchant sa succession, et avait juré de maintenir les droits de la fille de Henri, l’impératrice Mathilde, cette fameuse reine Mand des chroniqueurs anglais, au royaume d’Angleterre. C’est pourquoi il la fit reconnaître en cette qualité dès 1135, et quand, à la mort de son royal père, Étienne, comte de Mortagne, usurpa la couronne anglaise, alors roi d’Écosse, il commença la guerre pour renverser l’usurpateur. Mais le comble de l’indiscipline régnait parmi ses troupes qui offraient un curieux échantillon des diverses tribus, long-temps mélangées sans se confondre, d’où s’est enfin formé le peuple écossais des temps modernes. « Cette armée maudite, » prétend le moine chroniqueur, qui stigmatise ainsi les troupes de David à cause de leurs horribles excès, » était composée de Normands, de Germains et d’Anglais, de Bretons Cambriens et de Northumbriens, d’indigènes du Teviotdale et du Lothian, de Pictes, communément appelés hommes du Galloway, et de Scots. » Étrangers les uns aux autres par les coutumes, et jusqu’à un certain point par le langage, ces différentes nations semblent n’avoir été d’accord et ne s’être entendues que pour franchir les bornes de toute licence et de toute cruauté, quoiqu’elles fussent contenues autant que possible, avouent naïvement les historiens anglais, par les efforts du monarque.

Étienne marcha vers le nord pour repousser David et ses bandes