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La circonstance qu’une forteresse si voisine de ses frontières ne lui appartenait pas, prouve combien son autorité dans le Northumberland était imparfaite. Tandis qu’il était ainsi occupé, il fut surpris par Roger de Mowbray, baron normand, à la tête de forces considérables, et le 13 décembre 1098 s’engagea une action dans laquelle Cean-Morh périt avec son fils aîné. La reine Marguerite, gravement malade à cette époque, ne survécut qu’assez pour apprendre ces malheurs, et exprimer sa résignation aux volontés de Dieu. Elle mourut le 16 novembre en recevant la fatale nouvelle.

Après sa mort, Marguerite fut admise dans le calendrier romain. La légende d’un miracle adroitement imaginé raconte que, lorsqu’on voulut transporter le corps de la nouvelle sainte dans une tombe plus magnifique, on trouva impossible de l’enlever, jusqu’à ce que celui de son époux eût reçu le même honneur, comme si, dans son état de béatitude, Marguerite avait été encore guidée par ces sentiments de déférence et d’affection qui avaient dirigé toute la conduite de cette excellente femme pendant qu’elle était restée sur la terre.

Le caractère de Malcolm Cean-Morh lui-même, à considérer sa position et l’époque où il se trouvait, ne manque pas de grandeur. C’était un homme d’un courage intrépide et d’une âme généreuse. Un noble de sa cour avait formé le projet de l’assassiner. Le bruit en vint aux oreilles du roi, qui, au milieu d’une partie de chasse, entraîna le conspirateur dans une clairière écartée de la forêt, lui reprocha ses perfides intentions, et lui proposa un combat à mort et à armes égales. L’assassin, surpris d’une telle générosité, se jeta aux pieds du monarque, avoua son projet criminel, assura que de cet instant il y renonçait, et s’engagea pour l’avenir à une inaltérable fidélité. Le roi lui témoigna la même confiance qu’auparavant, et n’eut aucun sujet à se repentir de sa courageuse conduite. Cette anecdote paraît montrer que Malcolm, protecteur et ami des chevaleresques normands, leur avait emprunté un peu de cet esprit d’honneur exalté, et de ces nobles et généreux sentiments qu’ils contribuèrent tant à répandre dans toute l’Europe.

Une légende fort invraisemblable assure que Malcolm introduisit formellement le système féodal en Écosse. On y voit avec de grands détails qu’il somma toute la noblesse écossaise de se rendre près de lui à Scone, et que chaque noble apportant avec soi, d’a-