Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/29

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comprendre au clergé écossais à quelle époque se devait célébrer la fête de Pâques ; et quoique nous n’attachions pas beaucoup d’importance à l’issue de cette controverse polémique qui se termina, il est inutile de le dire, par le triomphe de la cause adoptée par la belle plaideuse et son royal interprète, c’est néanmoins un charmant tableau que celui de l’affection conjugale de ces époux travaillant en commun à l’instruction d’un peuple barbare. Il ne faut pas douter non plus que son influence ne se soit montrée heureusement dans des circonstances plus graves que celle dont il est ici question.

Après la mort de Guillaume-le-Conquérant, et l’avènement de Guillaume-le-Roux, divers sujets de mésintelligence s’élevèrent entre l’Angleterre et l’Écosse ; de mutuelles incursions eurent lieu, et la cause générale de ces contestations provenait des termes auxquels Malcolm devait posséder le Cumberland et le Northumberland. Ces provinces avaient été, comme on l’a dit, cédées, la première par le roi saxon Edgar, la seconde par un comte northumbrien, au souverain d’Écosse, à condition d’une étroite alliance et de secours entre voisins. La possession à titre de fief, s’introduisant dès lors, substitua l’hommage et la féauté ou foi d’un prince inférieur envers un maître suprême, à cette vague stipulation d’amitié et d’assistance en cas de besoin. Cette dépendance féodale ne pouvait s’appliquer qu’aux provinces du Lothian, au Berwickshire, à une partie du Teviotdale, au Northumberland et au Cumberland. Malcolm, qui, traversant le golfe de Forth, résidait souvent dans la première de ces provinces, y avait établi une autorité fixe et permanente ; mais dans les deux comtés anglais son pouvoir et son influence sur les affections des habitants n’étaient pas aussi manifestes. Guillaume-le-Roux construisit en 1080 la forteresse de Newcastle, et en 1092 celle de Carlistle, qui, toutes deux, tendaient nécessairement à limiter et à rendre peu sûres les possessions du roi d’Écosse dans ces deux comtés du Nord. La question d’hommage fut violemment agitée à cette antique période comme sous les générations suivantes, et la plupart du temps résolue en termes généraux, ou, selon la phrase légale, salvo jure cujuslibet[1].

Ces motifs d’inimitié cessèrent quand Malcolm Cean-Morh mourut. Ce prince entreprenant fit une incursion hasardeuse en Angleterre, et assiégea Alnwick avec une armée sans discipline.

  1. Sauf le droit de qui que ce soit. a. m.