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nous l’avons dit, avait long-temps demeuré en Angleterre, avait probablement visité la capitale sous le règne d’Édouard-le-Confesseur, à qui il était redevable de secours et de protection. Ses goûts et ses attachements le portèrent à entretenir toujours des correspondances avec ce pays ; et, sauf l’incursion courte et précipitée des Écossais dans le Northumberland, en 1061, il n’arriva rien, durant la dynastie saxonne en Angleterre, qui pût rompre la bonne intelligence de ce qu’on doit appeler, à partir de cette époque, les royaumes frères. La mort d’Édouard-le-Confesseur troubla un peu cet état de concorde. Malcolm paraît avoir été plus indifférent à l’amitié de son successeur Harold, puisque en l’année 1066, il reçut en Écosse Tostigh, frère du roi anglais, qui alors tramait une conspiration et projetait d’envahir les territoires d’Harold. Tostigh se ligua avec le roi de Norwège, et tous deux furent tués l’été suivant à la bataille de Stamford-Bridge.

La conquête de l’Angleterre par les Normands amena, en Écosse, d’autres fugitifs qui émigraient par suite du bouleversement général qu’une si grande révolution occasiona dans les propriétés. Le plus illustre d’entre eux fut Edgard-Athelirg, héritier de la race du Confesseur ; il avait avec lui sa sœur Marguerite, une des vierges les plus belles et les plus accomplies d’Angleterre, et qui, vu la faiblesse tant d’esprit que de corps de son frère, pouvait être regardée comme l’espérance de la dynastie saxonne, si chère à la nation anglaise. Edgard fut aussi accompagné, dans sa fuite, par sa mère et par une autre sœur plus jeune. Malcolm épousa la princesse Marguerite vers 1067.

Allié, par ce mariage, à la famille royale saxonne, le roi des Écossais se ligua contre Guillaume-le-Conquérant avec quelques seigneurs mécontents du Northumberland et avec les Danois. Mais les Danois furent repoussés, et les conspirateurs mis en déroute, avant que Malcolm entrât lui-même en campagne, l’année 1070. Exaspéré par quelques représailles sur ses propres frontières, il ravagea impitoyablement l’évêché de Durham, ainsi que les parties adjacentes, et emmena un tel nombre de captifs, que pendant beaucoup des années suivantes on trouva dans chaque hameau et chaque hutte d’Écosse des esclaves anglais.

La vengeance du Conquérant eut un effet semblable à celui de la colère de Malcolm. Pour se venger des rebelles Northumbriens, Guillaume dévasta la contrée avec une fureur qui changea en un véritable désert les possessions fertiles comprises entre l’Humber